AUDELÀ DU TOUR
Comment Primož Roglič et la Red Bull –BORA – hansgrohe évoluent pour l’emporter


Comment Primož Roglič et la Red Bull –BORA – hansgrohe évoluent pour l’emporter
Christof Gertsch
Reporter pour Das Magazin à Zurich, il a été élu « Journaliste de l’année » en Suisse en 2022. Il dresse pour nous le portrait de Primož Roglič et des experts qui œuvrent pour améliorer son équipe, la Red Bull –BORA – hansgrohe. Page 34
Jojo Harper
Son père, sa mère et ses frères ont roulé à vélo, c’est donc naturellement qu’elle a documenté cet univers en photos et au monde du sport avec un œil élégant. Retrouvez-la en backstage de la Red BullBORA - hansgrohe, page 34.
Kenza Naaimi
Journaliste presse, radio (FIP) et musicologue, Kenza s’évertue à mettre en lumière des artistes engagé·e·s, pertinent·e·s et pointu·e·s quand elle ne parcourt pas les festivals de France. Voyez ses recos estivales en page 90.
Summer is back et avec lui la plus célèbre des courses cyclistes au monde : le Tour de France. Cette nouvelle édition sourira-t-elle à Primož Roglič ? Le leader de l’équipe Red Bull – BORA – hansgrohe bataillera-t-il enfin jusqu’au bout avec les caïds de l’épreuve, Pogačar et Vingegaard ?
Nous sommes allés tâter l’état d’esprit de Primož en altitude, en Espagne, et avons rencontré les hommes qui projettent son team dans sa performance de demain, du côté de l’Angleterre cette fois.
Pour sa seconde participation sous les couleurs de « la BORA », Roglič et ses camarades s’inscrivent dans une dynamique d’évolution permanente : comment améliorer les hommes et leurs machines, s’optimiser les uns les autres pour initier ces petites différences, qui, cumulées, pourraient leur rapporter beaucoup. On y croit !
Bonne Lecture.
d’un visage à la
& Rubix : leur idée de la danse libre, entre hip-hop et krump.
Juliette Fievet est loin d’être une légende urbaine.
2015, l’élite mondiale du jeu vidéo Street Fighter s’affronte pour la première fois à Paris dans une cage inspirée du MMA lors du Red Bull Kumite (référence au film de JCVD, Bloodsport). 2025, légendes et nouvelles icônes se retrouvent au Palais de la Mutualité pour honorer une décennie du plus incroyable des événements de Vs. Fighting. À l’écran, les personnages de Big Bird (Émirats arabes unis), vainqeur de cette édition, et du Français Kusanagi, s’écroulent à terre lors d’un Double K.-O. !
À revoir sur redbull.com
Il a déjà sauté par-dessus un cargo et une baleine. Cette fois, ce fut au-dessus d’un avion : aucun kitesurfeur n’avait encore réussi cet exploit. Lasse Walker, un spécialiste du Big Air, s’est préparé pendant deux ans avec le pilote Łukasz Czepiela pour réaliser cette avant-première mondiale. Le timing était crucial : Lasse devait attraper la vague parfaite pour sauter à 15 mètres de hauteur, tandis que Łukasz devait réussir un vol assez lent à basse altitude. Un seul commentaire, en chœur : « Surréaliste. » IG : @lassewalker, @luke.czepiela ; redbull.com
À Tree Trunk Gorge, dans le parc forestier de Kaimanawa en Nouvelle-Zélande, les berges abîmées par les intempéries du canyon et les eaux vives et violentes du site sont magiques pour Nouria Newman. Aucune eau n’est trop sauvage pour la Française, as du kayak : en 2021, elle a battu des records avec une descente de 31,69 m d’une chute d’eau en Équateur. Nouria Newman fait partie du lot des athlètes inspirant·e·s (dont le surfeur de gros Andrew Cotton et l’explorateur à ski Preet Chandi) qui racontent comment ils et elles ont repoussé les limites dans la saison 3 du podcast How to Be Superhuman. redbull.com/superhuman
Bamby
Ambiance printemps-été avec la sélection bad gyal power de la chanteuse guyannaise Bamby.
C’est avec son morceau Run di place (feat. Jahyanai King), sorti en 2016, que Bamby, figure incontournable des Antilles, fait une percée au niveau national et débarque sur tous les sound systems des soirées afrocarribéennes de la métropole, marquant ainsi le début de sa carrière. Neuf ans après, l’artiste entrepreneuse qui a fondé le label Muse & Music revient avec un nouvel album : Muse. Un projet aux sonorités dancehall et shatta (et plus largement afrobeats) qui rend un peu plus visible les musiques des départements ultramarins, qu’on oublie un peu trop sur le continent, et continue de faire briller sa culture musicale. Programmée sur le festival Yardland qui se tiendra du 4 au 6 juillet, à l’Hippodrome de Paris-Vincennes, Bamby nous propose une selecta tout feu tout flamme, histoire de s’échauffer un peu avant le jour J.
Muse, disponible sur l’ensemble des plateformes.
Himra (feat.Minz)
Number One (2025)
« Tout droit sorti de l’EP BIG AKA 4 AKA KAI du rappeur ivorien Himra – qui s’inspire de l’imagerie des rappeurs américains comme ASAP Rocky –, ce titre en featuring avec Minz est un exercice que je respecte. Il m’a montré dans ce morceau qu’il pouvait varier entre texte francophone et flow dancehall ; rien de mieux pour me satisfaire ! »
UZI
À la fête (2020)
« Dans ma tête, ce titre est l’une des plus belles chansons du rap français. C’est comme si Aznavour l’avait écrite, mais avec des mots plus crus. Même si je ne suis pas une grande consommatrice de rap français, je l’ai écouté en boucle pendant facilement un ou deux mois. Aussi, l’écriture incroyable d’UZI m’évoque une certaine mélancolie. »
Asake
Lonely At The top (2023)
« Master piece artistique. Des paroles véridiques, un style iconique , une voix pleine de douceur et de douleurs . Je le mets à la même place que Soso, de Omah Lay. Un game changers car si le style afro existe depuis longtemps, ce n’est que depuis peu qu’il a acquis une reconnaissance internationale notamment grâce à ce morceau. »
Bamby Pretty (2025)
« Un chef-d’œuvre d’ambiance et de retour au genre dancehall de l’époque, lequel prend racine dans la culture jamaïcaine des années 1970, dont le ragga et riddim qui accélèrent le tempo du reggae. Un mixte entre la fraîcheur des sonorités actuelles et des rythmes ragga qu’écoutaient mes oncles. À consommer sans modération! »
VOUS LE VALEZ BIEN. *Cheveux existants, étude clinique sur 40 femmes et 37 hommes après après 5 utilisations par semaine pendant 6 semaines
Cette tablette haptique permet aux personnes non ou mal-voyantes de suivre un match du bout des doigts.
Les amateur·rice·s de sport aveugles ou atteint·e·s d’une déficience visuelle suivaient jusqu’à présent les matches grâce à l’audiodescription : commentaires radio ou simplement ami·e·s et famille qui relayaient l’information.
« Cette méthode a ses limites, explique Jerred Mace, PDG de la start-up OneCourt. C’est vraiment difficile de dire l’emplacement du ballon. Les choses vont tellement vite qu’au moment où on décrit sa position, le ballon a déjà bougé. »
Mace, dessinateur industriel, a donc cherché un moyen plus immersif de suivre un match pour les personnes atteintes d’une déficience
visuelle. Le résultat est un dispositif haptique qui tient sur les genoux et « traduit » le match en temps réel. OneCourt communique, à travers des vibrations, ce qui se passe pendant le match.
« C’est une interprétation vivante, dynamique et tactile, explique Mace depuis ses bureaux à Seattle. Autrement dit, les gens peuvent suivre le jeu avec leurs mains. »
Développé pour le basket, le baseball, le football américain et le foot, OneCourt produit des vibrations qui traduisent les mouvements sur le terrain, qu’il s’agisse d’une passe, d’un tir ou d’un but.
« Quand on est doué·e de vision, on a une vue d’en-
OneCourt utilisé au Moda Center des Trail Blazers de Portland, une technologie qui change la donne pour le public mal ou non-voyant.
semble, dit Mace. Mais on peut aussi percevoir les détails. Avec le toucher, c’est le contraire : on commence par les détails. Si on devait tout montrer d’emblée, l’action ne serait pas vraiment compréhensible, alors on essaie de se focaliser sur les mouvements les plus importants. On analyse le déroulement du match pour l’utilisateur·rice et on essaie d’identifier le centre d’intérêt. »
En janvier dernier, les Trail Blazers de Portland ont été la première équipe pro à utiliser la technologie OneCourt sur leur terrain pour la NBA. OneCourt figure ainsi aux côtés des installations déjà existantes pour rendre la salle accessible à toutes et tous, notamment des radios et des fauteuils roulants. Et il existe déjà des projets (et même une liste d’attente) d’utilisation de l’appareil à la maison lors d’un match à la télé. « De nombreuses personnes aveugles de naissance n’ont jamais vu à quoi ressemble un terrain de foot, explique Mace, qui a subi dans sa jeunesse une intervention chirurgicale pour corriger sa déficience visuelle. Pouvoir appréhender la dimension spatiale change totalement la donne. »
OneCourt utilise les données déjà collectées sur le terrain par les équipes et les ligues sportives professionnelles via des capteurs physiques et des caméras utilisant un logiciel analytique (comparable à Hawk-Eye pour le tennis). Le plus grand défi consistait à créer une expérience aussi proche que possible du réel. « Les fans [malou non-voyants] perçoivent généralement le match en retard : tout le monde autour d’elleux applaudit, et iels attendent qu’on leur explique ce qui s’est passé. Avec cette technologie d’immersion en temps réel, l’expérience des gens change complètement. Iels peuvent réagir en même temps que tout le monde et vivre le match en temps réel. » onecourt.io
La photographe originaire du Kerala a voulu rendre hommage à la puissance et l’élégance d’une communauté de femmes bodybuildeuses en Inde.
C’est au détour de recherches entamées l’an dernier sur le Kalari, art martial millénaire originaire du Kerala, que la photographe Keerthana Kunnath tombe sur le compte Instagram d’une bodybuildeuse locale. « Je n’aurais jamais imaginé qu’un tel univers existait en Inde », confie-t-elle.
Née au Kerala, la photographe part poursuivre un master en photographie de mode à Londres en 2020. La découverte de cette communauté de sportives hors du commun l’inspire. « À bien des égards, elles remettent en question les idées préconçues
sur ce qui fait de nous des femmes. Nous sommes encore trop peu représentées, et presque toujours par le prisme d’un regard masculin, déformées par des regards extérieurs. »
Son projet, intitulé Not What You Saw, cherche à déconstruire les stéréotypes. « Mon approche se voulait radicalement différente », souligne la diplômée du London College of Fashion. Son travail mêle l’esthétique des éditoriaux de mode à l’influence du cinéma et de la poésie traditionnelle malayalam, la langue officielle du Kerala. « On nous
En haut, dans le sens des aiguilles d’une montre : Bhumika Kumar ; Chitra Purushotham ; San Dra San ; Aisha Nida. En bas : Keerthana Kunnath.
représente souvent comme des créatures douces, timides, sensuelles. Ce que j’ai voulu montrer, c’est que ces femmes, fortes et affirmées, incarnent une féminité autrement puissante, sans rien soustraire à leur grâce. »
Son imagination a puisé dans l’iconographie religieuse et les magnifiques paysages naturels du Kerala et du Karnataka, au sud de l’Inde. « Ces images sont ancrées dans ma mémoire car c’est ici que j’ai grandi, confie-t-elle. Quand on visite un temple, on voit ces peintures de somptueuses déesses en sari dans les montagnes ou au bord de la mer. Je voulais intégrer ces décors merveilleux et empreints de sérénité dans mes photos. »
Depuis ses premiers clichés de quatre bodybuildeuses du Kerala, Kunnath a suivi leur parcours, sillonnant l’Inde au gré des compétitions, rencontrant et photographiant d’autres femmes venues des quatre coins du pays. Elle découvre un univers où la passion est reine mais le chemin ardu : institutrices, coachs sportives, ces femmes ont toutes un travail de jour, et la plupart d’entre elles ont dû affronter les doutes de leur famille, leurs ami·e·s, et même de leurs propres entraîneurs masculins. « Dans certaines compétitions, on compte jusqu’à 500 hommes pour une vingtaine de femmes, observe Kunnath. C’est un sport relativement récent en Inde, et certaines n’ont jamais vu d’autres femmes concourir. Elles sont souvent les premières dans leur salle de fitness à se lancer dans le bodybuilding. »
Pourtant, même si ces sportives sont encore rares, Kunnath voit naître une forme de sororité : « D’un côté, elles sont en compétition les unes contre les autres, mais en coulisses, elles s’entraident, se conseillent, ajustent le maquillage de l’une, corrigent la posture de l’autre. Une magnifique communauté est en train d’éclore. » keerthanakunnath.info
Loin de l’asphalte citadin, Antoine Besse signe avec Ollie un premier long-métrage qui apporte un autre regard sur le skate. Son pari ? Prouver que la discipline n’a pas de frontières.
Texte Hugues Pascot Photo Fanny Viguier
Et si le skateboard n’était pas qu’une affaire de bitume ? Pour Antoine Besse, la question ne se pose même plus. En 2014, le réalisateur landais a sorti Le skate moderne, un flm documentaire multirécompensé qui met en lumière des jeunes skateurs de campagne, loin des clichés californiens. Dix ans plus tard, Antoine revient avec Ollie, un flm intime, né d’une urgence personnelle. Marqué par la disparition brutale de « Béber », un proche qui faisait fgure de mentor, Antoine confe que ce flm s’est imposé à lui. Ollie suit le parcours de Pierre (Kristen Billon), un ado vivant à la campagne en quête d’une échappatoire après le décès de sa mère. Son père, agriculteur en difculté, peine à joindre les deux bouts. Harcelé à l’école, Pierre trouve refuge dans le skate. Son destin croise alors celui de Bertrand (Théo Christine), un marginal et ancien skateur, hanté par de vieux démons. Antoine réalise ici un flm puissant et sincère, porté par ses acteurs talentueux, avec comme clef de voûte du récit la passion du skate, très peu représentée au cinéma.
the red bulletin : Qu’est-ce qui t’a donné envie de filmer le skate ? antoine besse : À 15 ans, je téléchargeais des parts (clip vidéo de skate dont l’objectif est de légitimer la place d’un skateur via un prisme artistique, ndlr) de skate. C’est comme ça que j’ai découvert Sorry de Flip, puis le cinéma américain avec des flms tels que Kids ou Wassup Rockers de Larry Clark. Alors, avec un pote, on a acheté une caméra dans un magasin photo à Périgueux, dans l’idée
Focus
6 mois de préparation
Plus de 50 comédien·ne·s
150 figurant·e·s 3 chiens
33 jours de tournage
2 semaines de cascades
8 mois de post-prod
de monter un crew de skateurs. Très vite, je me suis pris de passion pour le montage. En flmant du skate, j’ai compris que ce que j’aimais vraiment, c’était assembler les images et raconter quelque chose. Le cinéma me semblait lointain, presque inaccessible, mais cette caméra, c’était déjà un premier pas.
Avec Ollie, c’est la première fois que le skate rural est représenté au cinéma en France. Pourquoi le skate fait-il figure de grand absent dans les salles obscures ?
Il y a une question de crédibilité. Si tu n’as jamais skaté, flmer du skate, c’est compliqué. Il y a des codes, une manière de capter le mouvement ; si on ne les maîtrise pas, le résultat peut vite avoir l’air fake. Ce qui me fait plaisir aujourd’hui, c’est de voir toutes les marques de skate qui nous suivent dans le flm. Ça montre bien une certaine crédibilité et validation de la part de la communauté skate.
Pourtant, tu as rencontré quelques difficultés pour la distribution du film… Ollie, c’est un flm de l’entre-deux, à mi-chemin entre le cinéma d’auteur et le flm populaire. Forcément, ça complique son positionnement. Et puis, j’ai vécu un coup dur avec notre distributeur de l’époque qui a fait faillite. À ce moment-là, je me dis que tenter les
festivals sans soutien, c’est comme postuler avec un CV trempé. Mais le Festival du flm francophone d’Angoulême (FFA) nous a repérés et dit : « On aime le flm, on vous prend. » À partir de là, tout s’est inversé. J’ai reçu énormément de retours, tant de jeunes skateurs que de personnes de ma génération qui se sont reconnu·e·s dans le flm. Mon objectif, c’était que toute la communauté skate de la campagne puissent s’identifer.
À propos, il y a Kristen, un jeune skateur pro qui a une vraie présence dans le film. Qu’est-ce qui t’a donné envie de tourner avec lui ?
Quand je l’ai rencontré, je savais qu’il avait un peu d’expérience dans le cinéma mais ce n’est pas ça qui m’intéressait. Kristen a un truc dans le regard. Il a treize ans mais il a un air très mature. On s’adore, c’est comme un petit frère. En plus, ce que j’aime chez lui, c’est qu’il n’en a rien à foutre du cinéma. Il a fait ça pour s’éclater. Pour moi, c’était très important d’aller chercher avant tout des skateurs ayant un potentiel d’acteur, plutôt que des acteurs qu’on va doubler sinon ton flm sonne faux.
Pour la promo du film, vous avez organisé un Ollie Tour. C’est quoi le concept ?
Avec le Ollie Tour, on a investi plusieurs salles de cinéma en France pendant un mois et demi avec des skateurs pour créer un certain écho autour du flm. Le concept était simple : collaborer avec les associations locales de skate, installer des modules en forme de lettres du titre du flm pour organiser un concours Cash for Ollie et récompenser celleux qui franchissent le plus de lettres, puis projeter le flm et fnir par une soirée. C’était important pour moi de faire cette tournée aussi bien dans des grandes que des petites villes pour rappeler que ce flm leur est dédié.
Ollie actuellement en salles dans toute la France. IG : @ollie.shiit
« Il y a des codes pour filmer le skate ; si on ne les maîtrise pas, le résultat peut vite avoir l’air fake. »
est chère.
Du haut
de
ses 2,08 m et 95 kilos, Etienne Ca s’est lancé un défi de taille : boucler son tout premier Ironman.
Texte Hugues Pascot Photo Iyad Bgx
La création de contenus, il connaît. L’image, il maîtrise. Mais aujourd’hui, avec ses 2,6 millions d’abonné·e·s sur TikTok, Etienne Ca troque likes et vues contre kilomètres et courbatures. Le 29 juin à Nice, il se frottera à l’une des épreuves les plus redoutables de la planète : l’Ironman. Pour se préparer à afronter les plus grands défs comme celui-ci, il a décidé d’aller chercher l’excellence à la source. Depuis juillet 2024, il anime The Elevate House, une émission-podcast disponible sur Youtube et Spotify dans laquelle il reçoit des pointures de tous horizons pour décrypter leurs routines et les secrets de leurs disciplines respectives. Son objectif : comprendre comment repousser ses propres limites. Face à lui, on retrouve des invité·e·s, aussi inspirant·e·s qu’exigeant·e·s, comme le danseur Salif Gueye, l’entraîneur de Serena Williams, Patrick Mouratoglou, ou encore Cyril Benzaquen, six fois champion du monde de kick-boxing. « J’ai toujours aimé en savoir plus sur les gens. » Mais aujourd’hui, c’est nous qui souhaitons en savoir plus sur lui. Il se livre pour The Red Bulletin
Une bénédiction
Le sport, Etienne baigne dedans depuis son plus jeune âge. Tennis, judo, natation, le natif d’Écully, ville en périphérie de Lyon, a un peu touché à tout dans sa jeunesse. Et ce n’est pas un hasard. « Mes parents ont toujours été sportifs. Mon père a beaucoup joué au foot. Ma mère a été alpiniste pendant longtemps. Elle a fait pas mal de sommets. Mais elle a arrêté quand mon frère et moi sommes nés parce que c’était trop dangereux. Mes parents nous ont toujours poussés à faire du sport. » Mais par sa taille, un sport s’impose comme une évidence, recommandé par son ancien prof de collège :
Les défis d’Etienne
Juillet 2023 Les 10 km du Paris-St-Germain en 44 min 33 Août 2024 Marathon pour tous à Paris en 3 h 41 Novembre 2024 Ironman 70.3 de Marbella (Espagne) en 6 h 20
Juin 2025 Ironman de Nice
le basket. C’est à 15 ans que cette discipline lui tombe dessus un peu par hasard. « Je n’avais pas spécialement pour objectif de jouer en pro. » Et pourtant, au vu de ses performances sur le parquet, le club d’Elan Chalon va le contacter pour rejoindre le centre de formation. Mais après trois saisons au club et une aux Sharks d’Antibes, un événement va tout bouleverser : une blessure au poignet qui va mettre un terme à sa carrière professionnelle. Un mal pour un bien qu’il interprète même comme une bénédiction. « La liberté que j’ai maintenant est beaucoup plus précieuse que la liberté que je sacrifiais pour basket. »
Des micros-trottoirs aux paddocks de F1
Etienne délaisse le maillot de basket pour se consacrer pleinement à la création de contenus. Il commencera à connaître le succès avec des vidéos humoristiques jouant sur sa taille. Mais rapidement, il va se tourner vers un autre domaine qui fera sa renommée : les micros-trottoirs. « J’ai commencé les micros-trottoirs parce que j’étais très timide et je voulais me forcer à parler à des inconnu·e·s dans la rue pour surmonter ce handicap. » De Lyon à Paris, il transforme sa timidité en véritable moteur. Les vues explosent, les abonné·e·s affluent et donc les portes s’ouvrent. Et pas des moindres puisqu’il sera invité aussi bien au Festival de Cannes que dans les paddocks de Formule 1 en passant par des avant-premières aux quatre coins du
monde. « C’est ça qui est fou avec les réseaux sociaux aujourd’hui. En deux ans, ils peuvent changer ta vie. » Pourtant, derrière les paillettes, Etienne est en quête d’autre chose. Quelque chose qui se situe dans le dur, dans le corps, dans le mental : l’endurance.
226 kilomètres
« En 2023, j’ai commencé à m’intéresser aux sports d’endurance, à commencer par la course à pied. Et là j’ai vu tout de suite que c’était difficile pour moi parce que je n’avais pas forcément le physique adapté à ce genre de sport. J’en ai alors fait un défi et un nouvel objectif à atteindre. » C’est alors qu’Etienne est contacté par Sam Laidlow, le plus jeune champion du monde d’Ironman, pour le convaincre de faire son premier Ironman. Ne manquant pas d’audace, Etienne a accepté ce défi complètement fou. 3,8 kilomètres à la nage, 180 en vélo, et un marathon, soit au total, 226 km à avaler, sans flancher. Alors, en novembre 2024, ils partent pour Marbella avec comme objectif un half Ironman, histoire d’avoir un aperçu de ce qui l’attend. « L’expérience avec Sam m’a montré à quel point ce sport est exigeant. Parce qu’il ne suffit pas d’enchaîner trois sports. Il s’agit de les pratiquer à un niveau de grosse intensité, c’est là qu’est la vraie difficulté. » C’est à ce moment-là qu’Etienne tire ses premières leçons : l’entraînement en solo, aussi rude soit-il, n’a rien à voir avec l’énergie chaotique du jour J. « Nager en eau libre entouré de dizaines de personnes, c’est se retrouver sur une autre planète. Ça pousse, ça bouscule, tu peux paniquer ou vouloir accélérer juste parce qu’il y a du monde. Pareil en vélo : tu veux doubler, tu vas trop vite, tu te crames. Et sur la course à pied, la foule peut t’éloigner de toi-même. C’est là que tu dois apprendre à rester connecté, à ne pas te perdre. » L’histoire dira s’il franchira la ligne d’arrivée. En tout cas, il aura appris une chose : la capacité à déverrouiller ses propres barrières. « Il y a plein de choses qu’on pense impossibles, alors qu’elles sont juste là, devant nous. Il suffit d’y aller. »
Instagram : @iamdaetienne
« Il y a plein de choses qu’on pense impossibles. »
des projets.
Grâce à son talent, et sa grinta, Marc Hirschi est l’un des meilleurs cyclistes au monde.
À la tête du Tudor Pro Cycling Team, le Suisse ouvre un nouveau chapitre de sa carrière.
Texte Patricia Oudit
Par un doux après-midi de mars, Marc Hirschi prend place dans un café près de la gare principale de Turin, commande une salade, une eau minérale. Puis, soufe un bon coup. Enfn le retour chez soi, pense-t-il, épuisé par onze journées de compétitions intenses (une course par étapes et quatre classiques d’un jour) au cours des trois dernières semaines. Soit 1 889 km en selle, à pédaler à travers l’Ardèche, puis sur les routes de Toscane, puis de la côte tyrrhénienne à la côte adriatique, pour fnir par la plus ancienne course cycliste au monde, Milan-Turin.
Bilan du cycliste après ces enflades de semaines frénétiques ? Mitigé, avec une 4e et une 149e place, pour la meilleure et pour la pire. L’un des plus grands champions cyclistes du moment n’échappe pas aux revers de la médaille : des heures de soufrance dont on ressort la tête vide et les jambes moulues. Comme tout sportif de haut-niveau, Marc Hirschi sait que la réussite ne tombe jamais du ciel, qu’il faut passer par d’éprouvants bas pour viser le très haut. Et c’est ce qui l’aime et l’anime, lui qui vient d’atteindre l’un des Graals du métier, en passant du rôle d’équipier à celui de leader.
Que l’on ne se méprenne pas. Marc n’était pas malheureux chez UAE Team Emirates, chez qui il a passé ses quatre dernières années. Au contraire. Il appréciait ses coéquipiers et lorsque son leader, la star slovène Tadej Pogačar, qui a le même âge que lui (26 ans) n’était pas au départ, il pouvait parfois saisir sa chance. Mais quand son contrat est arrivé à terme l’an dernier, le Bernois a compris qu’il était temps de changer de cap.
Champion du monde et d’Europe U23 en 2018 Principales victoires étape du Tour de France et La Flèche Wallonne en 2020 ; Clásica San Sebastián en 2024 Depuis 2024 Leader chez Tudor Pro Cycling Team suisse Objectifs 2025 Championnats du monde, Tour de France
La grinta pour moteur
Il prend alors la tête de la team suisse Tudor, marque horlogère, dont la devise Born to dare (né pour oser) colle parfaitement à son état d’esprit. Un vrai retour aux sources puisque Fabian Cancellara, qui l’a brièvement managé quand Marc était plus jeune, est le fondateur et propriétaire de l’équipe. C’est grâce à ce spécialiste du contre-la-montre que le Suisse commence à s’intéresser au cyclisme pro, avant que son père n’allume la famme pour de bon : tous les étés, ils prennent la route des Alpes, à l’assaut des cols mythiques du Tour de France dans leur voiture, attendant des heures pour voir passer les champions.
Au fl du temps Marc apprend, comprend. Le travail, le talent ? Pas sufsant. Dans le package qui fait monter sur les podiums, il y a aussi la grinta, comme on dit en italien, langue du cyclisme par excellence, mélange de niaque, d’endurance, d’instinct de course. Marc dit l’avoir appris de son père avec qui il s’entraîne et des heures passées devant la télé à étudier les courses. Fasciné par l’aspect tactique : pourquoi un coureur attaque à ce moment précis ? Pourquoi celui-ci abandonne-t-il ?
Ado, il accepte quand ses jambes le lâchent. Mais perdre à cause d’une erreur
stratégique ? Totalement insupportable. Le coureur n’a d’ailleurs que 22 ans lorsqu’il connaît sa plus grande victoire à ce jour en remportant la douzième étape du Tour de France 2020. Ce jour-là, la grinta est bien là : il attaque depuis l’échappée, prend des risques fous dans la descente, creuse l’écart et franchit la ligne en solitaire. Puis, tout s’enchaîne très vite, trop vite : la cérémonie sur le podium, le cirque des médias à l’arrivée, le champagne avec son équipe à l’hôtel… Mais le jour suivant, tout est oublié.
« Aujourd’hui, je sais que j’aurais dû savourer plus longtemps cette victoire, reconnaît-il. Mais j’ai compris quelque chose de bien plus important encore : peu importe le nombre de victoires, il y aura toujours plus de jours sans. Des jours où l’on se bat pour rien. »
Les défis à venir
« Certains entraînements sont vraiment atroces, tout me fait mal, je pourrais m’en passer. Et d’un autre côté, j’arrive plus à apprécier ce genre de moments maintenant, parce que je sais qu’ils sont indissociables du reste. »
Le champion prend congé et fle vers le quai, laissant fotter derrière lui un halo persistant de résilience, de détermination, de courage, d’humilité. Ainsi qu’une profonde compréhension des rouages compliqués de ce sport si particulier.
« Quand on fait du vélo, on investit énormément et on est rarement récompensé. Mais une fois que l’on comprend ça, la réussite fnit toujours par arriver. » Et quand elle ne vient pas, à l’image de ses deux désillusions successives dans les Classiques Ardennaises qu’il visait en 2025 (une 40e place sur l’Amstel Gold Race, le 20 avril dernier, et une 49e à La Flèche Wallonne trois jours plus tard), Marc Hirschi sait y faire face : « Il faut apprendre à trouver du sens même dans ces jours-là. Sinon, on se détruit. »
Rendez-vous cet été pour le Tour de France et lors des Championnats du monde en automne pour revoir le talentueux Suisse originaire d’Ittigen briller à nouveau, dans les jours avec comme dans les jours sans.
Instagram : @marchirschi ; tudorprocycling.com
« Peu importe le nombre de victoires, il y aura toujours plus de jours sans, où l’on se bat pour rien. »
À
Les photos d’Ashley et Jered Gruber montrent le cyclisme d’élite différement. Et leur job est tout aussi frénétique, éprouvant et dangereux que celui des athlètes elleux-mêmes.
Triomphe en vue
Lors de l’ultime étape du Tour de France 2019, Jered Gruber réussit l’un de ses clichés préférés avec son Nikon D850 : « J’étais monté sur une poubelle, vue plongeante sur l’Arc de Triomphe, soleil dans l’axe parfait, 1/200e de seconde d’exposition. Ce cliché est désormais impossible : le public n’est plus autorisé à cet endroit. »
Les photographes
Ashley et Jered Gruber, âgé·e·s respectivement de 37 et 42 ans, travaillent et vivent ensemble. Le couple fait partie des meilleur·e·s photographes de cyclisme au monde.
Vitesse de réaction
« Pour obtenir une image originale, il faut penser en dehors des clous, explique Jered. C’est pour cela que lors du Tour de France 2024, j’ai déclenché mon objectif à 20 images/sec. à travers les vitres réfléchissantes de la cabine sur la ligne d’arrivée. Ici, les coureurs passent à 60 km/h, c’est un pur hasard que j’ai réussi à capturer précisément Tadej Pogačar. »
Ashley et Jered Gruber forment un duo exceptionnel : « Lors des classiques du printemps, on se répartit les courses masculines et féminines. Sur le Tour de France et les autres courses importantes, on est tous les deux à moto, en voiture ou à pied », explique Ashley. Quand il et elle ne sont pas à Athens, en Géorgie (ÉtatsUnis) ou à Alta Badia en Italie, le duo américain est sur la route et partage chaque fois les mêmes épreuves physiques et mentales que les coureuses et les coureurs qu’il photographie. Depuis sa grave chute sur le Tour des Flandres en 2024 (sa moto avait dérapé sur les pavés humides lors d’une liaison entre deux tronçons), Jered se sent encore plus proche des athlètes : « Après avoir subi cette grave blessure au genou, je comprends mieux ce que cela signifie de se battre pour revenir au sommet. Lors de mon comeback sur le Tour des Flandres 2025, je me suis payé un tour de Grand Huit émotionnel. »
Montée d’adrénaline
« J’adore cette photo car elle capture toute la folie du ParisRoubaix, raconte Jered. En 2023, j’étais à moto dans la trouée d’Arenberg, environ à la moitié de l’ascension. Le bruit des fans ajouté au vacarme des vélos roulant sur les pavés était assourdissant. À l’arrivée, on est aussi épuisé·e·s par le stress et l’adrénaline que les athlètes eux-mêmes. »
Force brute
En 2021, Jered immortalise l’attaque de Mathieu van der Poel sur le dernier secteur de gravier lors des Strade Bianche avec son Nikon Z8 : « Sa présence physique est unique. Quand il appuie sur les pédales, ses concurrents explosent littéralement, son accélération les fait disparaître dans un nuage de poussière blanche. »
« Nos photos, c’est 50 % de préparation au cordeau et 50 % de flair du moment. »
Ashley Gruber
Ne jamais abandonner
« Les chutes sont omniprésentes dans le cyclisme, explique Ashley. Devant toi, derrière toi, il y a toujours quelqu’un qui se ramasse. Mais contrairement à d’autres sports, on n’arrête pas la course quand un coureur se blesse. Tu n’as pas d’autre choix que de continuer et dépasser tes limites. Je n’ai pas encore réussi à décider si cette mentalité m’inspire ou, au contraire, me terrifie. »
Rêve en miettes « Au foot ou au tennis, tu joues toujours dans des conditions similaires ; en cyclisme, tu dois sans cesse faire face à l’imprévu », analyse Jered. Comme cette rafale de vent soudaine à la sortie d’un virage qui précipite un coureur à terre lors d’un contre-lamontre sur le Tour de France : « Un cliché magnifique pour le photographe, une immense tragédie pour l’athlète. »
Lanterne rouge Pour Jered, ce cliché d’Emīls Liepiņš, pris en 2021, résume toute la folie et l’héroïsme du cyclisme : « Il a terminé dernier du Paris-Roubaix et en a bavé comme pas possible. Personne ne lui aurait reproché d’abandonner, mais il s’est battu jusqu’au bout. Il est passé devant mon objectif couvert de boue, de la tête aux pieds. »
Dans l’œil du cyclone Lors de l’étape de l’Alpe d’Huez sur le Tour de France, près d’un million de fans s’entassent sur le bord de la route.
« En 2022, Ashley s’est postée quelques kilomètres avant le sommet, moi à hauteur du Dutch Corner dans le septième virage. Là, j’ai réussi à capturer Wout van Aert, un de mes cyclistes préférés : un immense champion ainsi qu’un éternel malchanceux. »
Contrastes
Épreuve cycliste ouverte à tous les amateurs hommes et femmes, le Marathon des Dolomites passe tout près de chez Ashley et Jered en Italie.
« En 2018, nous avons capturé des clichés sur le col du Sella. Le contraste entre la nature sauvage et le flot de milliers de cyclistes sur le ruban d’asphalte donne une dimension absurde à l’image. »
« Il y a les coureurs qu’on admire et ceux qu’on aime, comme Wout. Quand il passe, on ne l’acclame pas de la même manière. »
Jered Gruber
Tandis que le leader de l’équipe Red Bull – BORA –hansgrohe, Primož Roglič, développe forme physique et sensations dans les îles canariennes, les ingénieurs perfectionnent son matériel en Angleterre. Deux mondes réunis par un même objectif : remporter la plus grande course cycliste au monde.
Un mardi soir d’avril, alors que de petits groupes de touristes redescendent lentement vers la mer et que le calme revient sur la montagne, Primož Roglič rejoint l’équipe du Red Bulletin dans le salon de l’hôtel (son nouveau chez lui pour les trois semaines à venir). Il s’assoit, sourit et nous lance : « Allons-y ! » Situé à 2 000 mètres d’altitude, le Parador de Las Cañadas del Teide est le seul hébergement des environs. Une vieille bâtisse à mi-chemin du Pico del Teide, le plus haut volcan d’Europe. Nous sommes à Tenerife, au cœur d’un paysage lunaire envoûtant et aride. Le Teide fait partie des sites les plus populaires de l’île canarienne. Beaucoup y viennent pour quelques heures, quelques-un·e·s y passent la nuit, mais personne n’y reste aussi longtemps et aussi souvent que Primož Roglič. « Laissemoi réféchir deux secondes, dit-il. Je crois bien que
« LA
COMMENCE LE JOUR OÙ L’ON MONTE SUR UN VÉLO POUR LA PREMIÈRE
c’est la quatorzième fois que je viens ici. » Il sait que ça semble un peu dingue et nous dévisage avec malice. Aucune folie là-dedans, selon lui : « Le coin me plaît. Tout est simple et tranquille. Un volcan, un hôtel, point barre. Il y a bien quelques touristes en journée, mais dès que le soleil se couche, on est entouré par le silence. C’est fabuleux. »
À 35 ans, Roglič est l’un des meilleurs cyclistes au monde et l’un des plus polyvalents. Le Slovène a quasiment tout remporté : champion olympique du contre-la-montre, vainqueur de grandes classiques d’un jour, un Giro d’Italia et surtout quatre Vuelta a España à son compteur, la dernière en 2024, un véritable record sur l’épreuve ibérique. Une seule victoire lui échappe encore : le Tour de France, le plus illustre des trois grands tours de trois semaines, la reine incontestée des épreuves cyclistes. Aucune autre compétition n’attire autant les foules, ne rassemble autant de sponsors et n’est aussi cruciale pour l’avenir d’un coureur. En 2020, Roglič a terminé deuxième. Les années suivantes, il a abandonné trois fois sur chute et a renoncé une fois à y participer.
Cet été, du 5 au 27 juillet, il fera de nouveau partie du peloton en tant que leader de l’équipe Red Bull –BORA – hansgrohe. Vingt-et-une étapes, 3 320 kilomètres de Lille aux Champs-Élysées en passant par l’Atlantique, les Pyrénées, la Provence et les Alpes. Vingt-et-un jours de soufrance entre chaleur, pluie, vent et froid. Le Tour est impitoyable, mais Roglič veut le conquérir.
Sur les routes de Tenerife, les coureurs du team
En avril, sur le Teide, le Tour semble encore loin. Et pourtant, le compte à rebours a commencé. Tous les eforts accomplis ici ont la Grande Boucle pour but ultime. « Ofciellement, la préparation au Tour commence en début d’année, quand on décide qu’on sera au départ en France en juillet, explique Roglič. Mais en fait, elle commence le jour où l’on monte sur un vélo pour la première fois. » Roglič est un homme de famille. Si sa femme Lora Klinc et ses fls Lev et Aleks lui manquent beaucoup, il ne songe jamais à raccourcir son séjour à Tenerife
pour autant, pas même pour quelques heures. Et la raison pour laquelle il vient ici est bien connue des sportifs d’endurance modernes : on sait que l’altitude améliore les performances physiques. En raison de la baisse de pression en oxygène, le corps produit plus de globules rouges pour s’adapter et répartit plus efcacement l’oxygène dans les muscles, ce qui améliore la respiration et le rythme cardiaque.
Mais l’autre raison majeure pour laquelle Roglič rafole de l’altitude, c’est tout ce qui vient en plus du manque d’oxygène : isolement, concentration, prise de recul, bref, tout ce que la plupart des sportifs et sportives d’endurance détestent lors de ces stages.
Chaque année, ces deux, trois semaines d’entraînement en altitude lui permettent de se recentrer sur son entraînement, ses objectifs, ses capacités. Le Teide, c’est aussi bien une préparation physique que mentale.
Cela ne veut pas dire que ces séjours en montagne sont une partie de plaisir, bien au contraire. Ce sens du sacrifce est même le premier terme qui lui vient à l’esprit quand nous lui demandons de résumer sa préparation pour le Tour en trois mots. « Je ne suis pas le seul à faire des sacrifces. Ma famille en fait aussi. »
Second mot : l’équilibre. Un mot qui revient souvent dans sa bouche, suivi d’une déclaration dans le plus pur style Roglič : « Il ne faut s’entraîner ni trop, ni pas assez. Ne pas trop se reposer, mais sufsamment quand même. Aller trop vite est néfaste, mais aller trop lentement l’est tout autant. » Un discours un peu bateau ? Pas quand on voit comment beaucoup de pros en font toujours trop ou pas assez.
En haut : activer le corps avant la course - un élément essentiel de la routine. En bas : entraînement en haute altitude en vue des plus grandes courses de la saison.
Dans le cyclisme, ce sont les détails qui font la différence.
C’est pourquoi les techniciens de Red Bull - BORA - hansgrohe optimisent sans cesse les casques des coureurs.
Ici : Florian Lipowitz.
Nous reviendrons plus tard sur le troisième mot que Roglič associe à sa préparation pour le Tour. Pour l’heure, changement de décor. Passons des îles canariennes à Silverstone (Royaume-Uni) et du leader de l’équipe au nouveau talent allemand Florian Lipowitz, 24 ans, qui ajuste les derniers détails dans une souflerie locale, ou plutôt, qui se fait ajuster, car c’est Dan Bigham, ingénieur en chef de Red Bull – BORAhansgrohe, qui est aux commandes et Lipowitz qui fait le cobaye.
Pour se développer, une équipe cycliste a deux solutions : soit acquérir chaque année les plus grands noms du sport et espérer obtenir un jour une certaine cohésion au sein de l’équipe, soit faire comme Red Bull - BORA - hansgrohe, c’est-à-dire miser sur les jeunes talents et investir dans leur développement, ce qui signife injecter beaucoup de capital dans leur encadrement.
Cette saison, l’équipe a recruté des experts de haut niveau : le nutritionniste Asker Jeukendrup, qui travaillait auparavant pour l’équipe concurrente VismaLease a Bike, York-Peter Klöppel, psychologue du sport et responsable de la performance mentale dans le centre sportif Red Bull, qui accompagne notamment le champion du monde de F1 Max Verstappen.
de Florian Lipowitz et de son équipement avant le test aérodynamique.
Marquage de la hauteur de chaussette autorisée pour assurer la cohérence lors du test aérodynamique.
Et bien sûr Dan Bigham, 33 ans, venu d’Ineos Grenadiers, une autre équipe concurrente. Si Bigham était footballeur, on parlerait d’un transfert exceptionnel, car dans le milieu du vélo, on ne jure que par lui.
En fait, Bigham était « encore » coureur cycliste jusqu’à l’an dernier. Comme sa vie remplirait tout un roman, résumons ici son parcours en quelques phrases : étudiant en ingénierie à Londres, Bigham se met au cyclisme en 2010 pour faire une activité physique à côté de l’université. Un hobby qui devient une passion et bientôt une obsession. Bigham n’a pas suivi le cursus classique du jeune sportif prometteur
« LE DÉVELOPPEMENT D’UN NOUVEAU VÉLO
TROIS ANS. UN
ni fait partie d’un quelconque programme de soutien, mais possède quelque chose d’indispensable dans le sport de haut niveau moderne : la compréhension technique.
Au lieu de se casser la tête à élaborer des plans d’entraînement, il bricole sur la résistance de l’air, la position sur le vélo, le choix du matériel. Il devient son propre cas d’étude. Et les progrès sont au rendezvous. En 2017, il fonde avec des amis une équipe amateur pleine d’ambitions, la HUUB Wattbike, collectif rebelle qui surprend régulièrement les nations concurrentes lors des mondiaux sur piste. Non content de rouler, Bigham passe son temps à apporter des améliorations, de l’aérodynamique à la stratégie de course. Ses analyses sont si pointues que les équipes professionnelles se l’arrachent bientôt. D’abord conseiller pour la fédération britannique de cyclisme, puis pour la fédération danoise, puis le couronnement fnal le 19 août 2022 sur le vélodrome de Granges, en Suisse, où, au cours d’une performance exceptionnelle, il bat le record du monde de l’heure sur un vélo homologué par l’UCI.
55,548 kilomètres. Aucun cycliste n’avait parcouru une telle distance en soixante minutes. Un des graals les plus prestigieux du cyclisme, détenu autrefois par des légendes comme Fausto Coppi, Jacques Anquetil, Eddy Merckx ou Bradley Wiggins, et désormais par Dan Bigham, l’outsider venu d’Angleterre. Il travaille déjà comme ingénieur pour Ineos Grenadiers à l’époque, et c’est d’ailleurs en grande partie à cause de lui que son propre record ne tiendra que trois mois,
Test des couches de base pour la performance des combinaisons du contre-la-montre.
puisqu’il dessine le vélo fabriqué en impression 3D avec lequel le coureur d’Ineos, Filippo Ganna, battra de nouveau le record le 8 octobre 2022, le dépassant d’1,2 kilomètre.
Deux ans plus tard, Bigham prend sa retraite, du moins en tant que coureur, mais pas sans marquer une dernière fois les esprits : aux JO de Paris, il décroche l’argent avec ses collègues britanniques lors de la poursuite par équipe.
Belle histoire, non ? Attendez, elle est encore plus folle, car lors de l’interview avec The Red Bulletin à Silverstone, Bigham nous a encore révélé que la force physique de Filippo Ganna dépassait de loin la sienne, bien plus que ce que ce 1,2 km laisserait penser. « Il injectait presque 100 watts de plus dans les pédales. Il aurait pu être encore bien plus rapide, sans aucun efort supplémentaire. » Mais Ganna n’est pas un penseur analytique comme Bigham. Il se laisse davantage guider par ses émotions et n’a pas appliqué les idées d’optimisation aérodynamique du Britannique à la lettre.
Ce dernier en a retenu qu’au bout du compte, ce n’est pas la physique qui pose problème, mais l’humain. Et qu’il y a encore du potentiel inexploité dans le cyclisme. Certes les progrès se font infmes, mais les limites n’ont pas encore été atteintes. « Les gens pensent que le record du monde de l’heure est surnaturel et presque impossible à battre. Moi, je suis convaincu du contraire. Je pense qu’il y a au moins dix coureurs capables de le dépasser, en supposant qu’ils fassent confance à la physique. »
Et c’est justement son objectif au sein de Red Bull –BORA – hansgrohe : transposer la logique froide de la physique à une course cycliste. Sans rentrer dans les détails complexes de son travail, on peut résumer ses eforts ainsi : Dan Bigham cherche à rendre les coureurs plus rapides sans qu’ils aient besoin de pédaler
« J’AMÉLIORE LES PERFORMANCES DES COUREURS ET EUX N’ONT PRESQUE RIEN À CHANGER. »
plus fort. « Un boulot plutôt cool, non ?, dit-il en souriant. J’améliore leur performance et eux n’ont presque rien à changer. »
Mais comment fait-il ?
Il réduit la résistance de l’air sur les combinaisons, diminue la friction des pneus, trouve le rayon de courbe parfait à 60 km/h, développe des combinaisons de contre-la-montre sur mesure, teste diférentes positions, ajuste les multiples composants du vélo. Il mesure, modélise, améliore. Chaque coup de pédale mais aussi chaque fux d’air compte. Sa mission : faire en sorte de gaspiller le moins d’énergie possible et d’en convertir le maximum en propulsion.
C’est un vrai mordu de technologie qui peut passer des heures sur le moindre détail : un dos trop raide, une technique de virage trop approximative, une confection de maillot légèrement trop rugueuse.
devient le premier coureur de l’UCI WorldTour à subir des tests aérodynamiques dans le tunnel de
Et parfois, il n’a même pas besoin du coureur luimême : pendant que Roglič transpire à grandes gouttes sur le Teide, Bigham teste de nouveaux matériaux pour le cuissard du Slovène dans la souferie de Silverstone grâce à une réplique exacte de la jambe du cycliste.
Bigham est au cœur d’une révolution technologique qui n’a commencé que très récemment dans le cyclisme. Au début, on parlait de marginal gains, d’infmes améliorations. Aujourd’hui, beaucoup réalisent qu’en investissant dans l’aérodynamique, la nutrition et l’entraînement mental, des progrès sont non seulement possibles, mais aussi plus importants qu’on ne l’imaginait.
Pour autant, il ne faut pas s’attendre à des miracles, ou plutôt, pas à des miracles « rapides ». « Le développement d’un nouveau vélo dure trois ans, explique Bigham. Un nouveau casque ? Deux ans. » Les progrès les plus rapides concernent les vêtements
mais là aussi, il n’est pas certain que les découvertes faites ce printemps seront déjà utilisables sur le Tour cet été. Bigham se considère comme un scientifque, il fait de la recherche fondamentale, « et cela prend du temps ».
Cela rejoint complètement l’état d’esprit de Red Bull – BORA – hansgrohe pour cette saison : poser les bases d’un succès à long terme plutôt qu’éphémère. Intégrer de nouvelles personnes dans le processus, favoriser de nouvelles façons de penser, acquérir de nouvelles connaissances. Dan Bigham en est l’incarnation : il ne se contente pas de découvrir quel vêtement rend le cycliste allemand Florian Lipowitz plus rapide aujourd’hui. Il veut comprendre pourquoi et en tirer les enseignements qui rendront l’équipe encore plus performante demain.
Le jour où The Red Bulletin s’invite à Silverstone, Florian Lipowitz découvre justement la souferie pour la première fois. Pendant plusieurs heures, il teste diférentes positions, matériaux et postures corporelles. À la fn, il a l’air aussi lessivé qu’après une grosse étape de montagne. Il sera l’un des domestiques attitrés de Roglič lors du Tour de France en juillet, mais avant cela, il assumera le rôle de leader lors du Critérium du Dauphiné, une des grandes courses de préparation pour le Tour.
Si tout se passe bien, Lipowitz, encadré par Bigham, suivra un jour les pas de Roglič, fait d’autant plus passionnant que tous trois partagent un parcours complètement atypique : Bigham, Roglič et Lipowitz sont devenus cyclistes professionnels sur le tard et presque par hasard : Roglič était champion de saut à ski et se préparait à une immense carrière quand une grave chute l’a forcé à changer de voie. Lipowitz a longtemps été biathlète et avait pour objectif les championnats du monde.
Son parcours illustre bien comment il faut parfois passer par des sentiers détournés pour trouver enfn sa voie. À 15 ans, sa famille déménage à Seefeld, dans le Tyrol, pour que son frère et lui intègrent Stams, la prestigieuse école de skieurs et skieuses d’élite.
Mais plusieurs blessures viennent freiner sa progression, avec notamment une infammation du cartilage de croissance puis une rupture du ligament croisé au cours d’une session de kitesurf. À l’époque, le vélo fait régulièrement partie de son programme de
En haut : guidon aérooptimisé sur mesure pour le coureur. En bas : ajustement du vélo pour obtenir une position aérodynamique optimale.
« ROGLIČ
rééducation et Lipowitz se rend compte que ce sport lui apporte non seulement du plaisir, mais semble aussi lui aller comme un gant, ce qui n’est pas si étonnant : son père faisait lui-même énormément de marathons cyclistes.
Très vite, Florian prend le départ de ses premières courses, avec des résultats blufants. Sans entraînement spécifque, il se hisse déjà parmi les meilleurs. En parallèle, son attrait pour le biathlon diminue : les blessures lui ont fait perdre sa fuidité en ski de fond et fnalement, le côté endurance du biathlon l’a toujours plus intéressé que la partie tir. Finalement, à 19 ans, Lipowitz signe son premier contrat cycliste et intègre l’équipe Tirol KTM Cycling.
Roglič, Bigham, Lipowitz : peut-être est-ce le côté atypique de leur parcours de vie qui explique leur ouverture à la nouveauté. Bigham en a fait sa profession. Mais Lipowitz et Roglič montrent également cette
disposition qui est une compétence clé dans le sport de haut niveau : la capacité à s’ouvrir aux idées extérieures. Comme l’explique Bigham: « Primož me pose des questions intelligentes, mûrement réféchies, il cherche vraiment à comprendre et construit ses propres modèles dans sa tête. Il ne se contente pas d’être un récepteur de données un peu passif. Il analyse ces connaissances et une fois sur son vélo, il prend de meilleures décisions tout en ne se laissant pas guider uniquement par toutes ces données théoriques. Oui, il en tient compte, mais il leur donne juste l’importance qu’elles méritent. S’il m’arrivait trop souvent de me baser sur des limites de performance théoriques, lui recherche ses limites dans le physique, pas dans le calcul. Il est prêt à aller encore plus loin et c’est cela qui en fait un sportif tellement exceptionnel. »
Pour conclure, retour sur les pentes du Teide, le camp d’entraînement en altitude de Primož Roglič, et sur les trois mots pour résumer sa préparation au Tour de France : il avait déjà choisi le sacrifce et l’équilibre, le troisième manquait encore : le plaisir.
À ses débuts, beaucoup considéraient le Slovène comme le « Terminator du vélo » : un athlète qui enchaînait victoire sur victoire comme un robot, impassible, distant. Mais les apparences sont parfois trompeuses : Roglič est l’un des sportifs les plus émotionnels de sa génération. S’il a toujours l’air concentré sur un seul but, la victoire, ce qui le motive avant tout, c’est la recherche du plaisir, des moments de bonheur simples. « Si ça ne rend pas heureux, ça ne sert à rien », lâche-t-il en se calant confortablement dans le fauteuil du lobby de l’hôtel, se réjouissant déjà à l’idée d’un dîner à la bonne franquette.
Y a-t-il une vie artistique possible après la Star Academy ? Il y en avait même une avant. Au-delà des polémiques, on s’est posés avec Ebony pour parler de son amour de la musique passé, présent et surtout du futur de sa carrière, qu’elle voit – à raison –en grand.
Texte Dolores Bakela
n’auront pas sa joie. Quand on a retrouvé Ebony, au siège de sa maison de disques, on n’a eu aucun mal à revoir l’élève de la Star Academy, telle qu’elle apparaissait à la télévision. Fraîche, plutôt réservée, attentive, souriante, quasi anonyme dans son hoodie et son jean si ce n’était sa manucure un peu métallisée et flamboyante – littéralement – et son afro glorieux. On lui excuse même intérieurement ce (mini) retard pour une raison très valable – un appel avec sa mère, en ce moment aux Antilles, joignable aux moments décents pour toutes les deux, quand le décalage horaire le leur permet. Très vite, aussi, c’est l’artiste qu’on a captée, celle qui depuis sa sortie de la promo 2024 du célèbre télé-crochet de TF1,
Pour sa première scène solo, Ebony claque la porte de la charge mentale pour délivrer sa vérité.
passe ses soirées sur scène ou ses journées en studio pour faire ses toplines, et bâtir ses nouveaux morceaux, reconnaissante, après des semaines d’exposition et de travail, qu’autant de choses lui arrivent. Si vite ? « J’ai vécu dans ce que j’appelle un trou de l’espace-temps, dit-elle en riant de l’expression qu’elle vient de trouver pour décrire son expérience. J’ai passé trois mois dans un Château, et à ma sortie, il y a plein de trucs comme ça qui se réalisent. »
Les « trucs comme ça », ce sont les journées qu’elle a en ce moment. Métro, studio, dodo. En parallèle, elle continue de tourner avec les autres ancien·ne·s élèves du TV show qui les a révélé·e·s. Ce sont aussi les programmations de festival. En juillet 2025, Ebony participera à Yardland, sa toute première scène solo ever. « J’ai toujours voulu y aller, depuis la première édition. L’année d’après, quand j’ai voulu acheter mes billets, je me suis rendue compte que j’avais mal géré niveau dates, j’avais pris mes vacances trop tôt. Du coup, c’est marrant parce qu’en l’espace de trois ans, je n’ai même pas encore eu le temps d’y aller en tant que spectatrice mais j’y suis déjà programmée en tant qu’artiste ! »
Ebony, on te voit, on se sait Comme pour d’autres grands raouts de l’été, qui vont faire le choix de mettre la jeune femme de 20 ans à l’affiche, Yardland va plus loin que simplement lui permettre de se présenter devant un public. Fin mars, l’équipe du festival s’est fendue d’un communiqué expliquant pourquoi elle avait décidé que la chanteuse soit sur le line-up aux côtés de Latto, Meryl ou Tiakola. « Ebony sur la scène de Yardland, ce n’est pas un hasard. Yardland, c’est aussi un espace de résistance par la joie, par la célébration. Ici, les scènes sont des lieux de guérison, de reconnaissance et de paix, indiquent-ils, dans un post Instagram publié à la fin du mois de mars. On a à coeur qu’Ebony puisse s’ôter la charge mentale d’être constamment résiliente et simplement être. À chaque cri, danse et applaudissement, on espère éteindre un peu plus le feu de la haine qu’elle endure depuis des mois, à seulement 20 ans et au tout début de sa carrière. Ebony, on te voit, on se sait et on est honorés de pouvoir t’accueillir afin de célébrer ton don, ta lumière comme il se doit. » Une attention qui a marqué la chanteuse, pas du genre à se plaindre et à s’apitoyer sur son sort.
« Yardland me donne la chance de me présenter sous un autre jour . »
Enfin
un tremplin qui s’annonce positif et bienveillant pour Ebony.
Cette première fois seule pour son propre concert, car avant Yardland, Ebony a seulement fait la première partie de Théodort ou des plateaux radio live, porte donc un enjeu essentiel pour l’artiste mais aussi pour les organisateurs : la considérer comme une artiste à part entière. Il faut pour cela conjurer l’aura raciste et négative qui entoure les apparitions médiatiques et scéniques de l’artiste.
SOS Racisme a porté plainte, la production de la tournée a dû faire des communiqués pour dénoncer l’accueil que l’ancienne apprentie chanteuse a reçu lors de certains concerts de la tournée du télé-crochet. « La politisation de l’émission n’était pas nécessaire, à mon sens, même si j’ai conscience qu’elle survient du fait d’un certain contexte sociétal, note-t-elle. Je ne suis pas naïve, je rentre dans l’émission en connaissance de cause, je sais qu’il y a du racisme en France. Je sais aussi qui je suis, une femme noire, et je m’assume comme je suis sans chercher à jouer un rôle. »
Symbole malgré elle
Et c’est peut-être ça qu’on lui a fait payer semaine après semaine, en la voyant répéter, participer aux primes du samedi soir, jusqu’à se hisser à la finale. Elle n’a jamais dérogé à sa ligne de conduite : faire ce qu’elle veut, elle, et non ce qu’a décidé la minorité très bruyante qui trouvait tout son être illégitime. Au finish, malgré la violence misogynoire –
violences spécifiques à l’endroit des femmes noires – qui s’est déversée sur elle, Ebony construit son audience et se retrouve célébrée et défendue par des artistes installées, comme Aya Nakamura.
« J’ai envie de rencontrer le public que je connais déjà, mais aussi un autre, plus large, et de leur montrer qui je suis en tant qu’artiste, pouvoir proposer un peu de danse parce que ça fait partie de moi, explique Ebony sur les enjeux de cette date marquante pour sa jeune carrière. Yardland me donne la chance de me présenter sous un autre jour et de montrer ce que je peux proposer à l’avenir », précise Ebony. Tout ça, sans l’entité StarAc Une page se tourne, doucement. Elle sera aussi à l’affiche des Ardentes, autre festival qui met à l’honneur des artistes rap et des musiques de la même famille. Ebony n’est pas du genre à se détourner du passé pour se projeter. De la même manière que la Star Academy a été importante dans son parcours, surtout pour l’apport des enseignements des profs, la jeune artiste est fière de ses racines musicales, qui puisent dans les musiques caribéennes. « Le zouk, le bouyon, le gouyad même le gwo ka sont des rythmiques qui m’ont bercée depuis toute jeune, donc elles font partie de moi, de qui je suis, indique celle qui est la fille du chanteur Thierry Cham, auteur du classique Océan au début des années 2000. Dans ma musique, je vais évidemment me servir de cet héritage. Je sais qu’on m’attend un peu sur ça. Quand j’ai participé au Planète Rap de Bamby en mars dernier, pour la sortie de son album Muse, elle m’a dit qu’elle espérait que j’allais sortir un petit zouk et ce sera un plaisir de faire un morceau dans cette énergie-là. » C’est que, contrairement à ce que peut dégager le programme télé pour certain·e·s, une téléréalité musicale qui n’exclut pas les candidat·e·s stéréotypé·e·s sans personnalité, Ebony, qui s’est préparée longuement pour y accéder est venue comme elle, déjà avec une identité artistique qu’elle n’a pas voulu perdre. « Je croise des gens qui m’attendent sur de grandes chansons à voix, ou d’autres sur un bouyon, des rythmiques caribéennes… Et non, je ne suis pas devenue un produit TF1 en participant à la StarAc ! J’ai pas envie de coller à une image. Je suis dans une démarche de recherche artistique, de me nourrir de plein d’influences, et créer le son qui me ressemble » Soit un mix de ses influences, afro, R&B ou encore pop-rock, Queen, Michael Jackson ou encore Rihanna.
« Mon univers est assez mélancolique et épique en même temps. »
« Mon univers est assez mélancolique et en même temps épique, comme les musiques de cinéma. »
L’ancienne fan de Tokio Hotel (!) est solaire, goofy, mais a aussi un aspect plus sombre, qu’on a moins vu dans toutes ses apparitions télévisuelles. « La voie que j’allais prendre avant de choisir musicologie, à la fac, c’était psychologue, je voulais travailler dans le milieu carcéral. » Elle a voulu aussi être médecin légiste, ou criminologue.
« L’esprit humain, sa manière de fonctionner me fascinent. Les arts sont un peu une manière de sortir des choses qu’on a du mal à exprimer en parlant. La bizarrerie du monde me fascine, je vais regarder des films et des séries horrifiques (comme celle sur Jeffrey Dahmer de Ryan Murphy, un maître !) mais je suis quand même choquée de ce que je vois », ajoute-t-elle dans un sourire.
Les arts, le théâtre, la danse et le chant, restent au cœur de son activité artistique, elle qui s’intéresse et se nourrit de nombreuses autres et multiplie les hobbies et à passer de l’un à l’autre. Mais le focus principal, c’est le projet qu’elle prépare. Au moment où on la rencontre, impossible encore d’écouter autre chose qu’Unforgettable, morceau sur une rupture amoureuse, qu’elle a écrit et composé et retravaillé avec Dany Synthé, Dani Terreur et Alice et Moi, où l’on entend ses promesses de grande vocaliste, le mix musical qui reflète bien sa nature. À ce jour, il culmine à plus d’un demi-million de vues sur YouTube et augure de belles choses pour la suite, qu’Ebony sait toujours envisager la tête froide, avec calme et détermination. « J’espère dans cinq ans pouvoir être récompensée pour ce que je fais. Je sais qu’il faut bosser pour. Et comme j’ai fait du théâtre, que j’aime ça, je veux faire du cinéma comme Lady Gaga, l’une des artistes que j’adore. » Celle qui cite la prestation de Beyoncé au Stade de France pour le Renaissance Tour, « comme un exemple à prendre en terme
de niveau d’exigence » et pour qui « la danse aura une place importante » dans ce qu’elle va faire ne cesse de reconnaître les bienfaits de la formation staracadémicienne. « Ça m’a appris à dépasser mes limites sans trop me plaindre. » Malgré la haine qu’elle a reçu, on est face à une jeune femme bien dans son époque, qui se voit bien vivre à Cape Town, marquée par l’Afrique du Sud, et sa visite de l’endroit où Nelson Mandela a été emprisonné ou encore par ses deux trips au Kenya. « Il faudrait que j’y retourne pour en apprendre plus. »
La naissance d’une popstar
S’affranchir des codes et des regards pour créer sa propre persona, exercer librement sa créativité, dans un univers qui lui permet aujourd’hui de ne pas s’excuser d’être qui elle est, n’en déplaisent aux racistes. Quitte à surprendre. Celle qui confesse avant qu’on se quitte que le dernier livre qu’elle a lu, c’est un ouvrage sur l’intention et un autre de Stephen King n’est jamais là où on l’attend. La tête bien pleine et un chemin qu’elle se figure à son image, selon ses termes.
« Je sais ce que je veux, je sais ce que je ne veux pas. » Son attachée de presse présente dans la pièce hoche la tête avec force. Tout le monde rit. « Je manifeste beaucoup. » Comprendre : elle travaille d’arrache-pied pour réaliser ses objectifs. Et de citer un des producteurs qu’elle aime le plus en ce moment, London, artisan orfèvre de bon nombre des morceaux d’Ayra Starr ou encore de Rema, propulsé comme l’une des figures incontournables de la musique afro contemporaine, et tête d’affiche de la deuxième édition de Yardland. On la quitte avec la certitude que c’est bien une popstar qu’on a face à nous, déjà beaucoup plus grande que ce que le public français pense avoir aperçu d’elle. Même s’il faut repasser un parcours, marqué par la haine, qu’on n’a pas cherché. On est heureuse de l’entendre dire qu’il y a les autres, celles et ceux qui sont là, et qui sont déjà fans de ce qu’elle est et qui attendent d’écouter ce qu’elle va proposer. On constate aussi que le prix à payer pour avoir le droit de faire sa musique et d’être célébrée dans le monde comme d’autres artistes n’a pas effacé la joie, le goût de faire, de créer, d’innover et de s’émerveiller. Sa vie d’après s’annonce déjà unforgettable, et surtout unapologetic
IG : @ebonyqueensheba
Prochaine date : samedi 5 juillet au Yardland Festival, hippodrome de Paris-Vincennes.
Rubix et Silent incarnent deux figures montantes de la scène freestyle actuelle : l’un, technicien charismatique nourri par le storytelling Hip-Hop ; l’autre, artiste introspective forgée par le Krump. À l’approche de la finale Red Bull Dance Your Style 2025, il et elle partagent leur vision de la scène, de la musique et de la transmission.
Si la compétition
« PARFOIS, POUR RACONTER UNE HISTOIRE, IL FAUT ARRÊTER DE
DANSER. IL FAUT ISOLER LE MOUVEMENT. »
The red bulletin : Bonjour à vous deux. Pouvez-vous me raconter en quelques mots vos débuts dans la danse ?
rubix : Bonjour, moi c’est Rubix, de Criminalz Crew. J’ai 23 ans et cela va faire dix-huit ans que je danse. J’ai fait mon premier battle à 5 ans, aux côtés de Laurent Les Twins. C’est à partir de ce jour que mon objectif a été de gagner le plus de battles possibles. Je viens d’une famille de danseurs. Mes quatre frères dansent, et ma maman aussi. Elle était danseuse dans les shows télévisés de TF1 à l’époque, lorsqu’il était question de danses africaines. À mes 7 ans, ma maman nous a inscrits, mes frères et moi, à l’émission Le Meilleur Sosie pour représenter les Jackson 5. Tous les vendredis soirs, on passait à la télé, et on a remporté beaucoup de tours ! Suite à cette émission, on est partis en tournée dans toute l’Europe pour faire les sosies. Ça a été le début de ma carrière commerciale. Un autre moment marquant a été le tournage du clip Papaoutai de Stromae. Sinon, niveau battles, je suis dedans depuis tout petit et j’ai énormément de souvenirs forts.
silent : Je suis née en Italie, vers le lac de Côme. Ma maman nous a très tôt initiées à la danse avec ma grande sœur. J’ai commencé par la danse classique, et on allait régulièrement faire des workshops de différents styles de danse.
À mes 10 ans, on a déménagé en région parisienne. C’est en arrivant ici que j’ai vu du Krump pour la première fois. L’énergie de cette danse m’a tout de suite marquée. Naab, un danseur de Paris est devenu mon Big par la suite, d’où mon premier nom de scène – Queen Naab –qui signifie que je fais partie de la famille Krump de Naab, au rang de Queen. Avant d’être Queen, j’ai été Baby, Princess, etc. Le Krump est très hiérarchisé. Je suis très timide de nature, et le Krump a été un vrai espace que j’ai utilisé pour me découvrir et grandir en tant que personne. C’est plus qu’une danse : c’est une manière d’exprimer ce que nous sommes de la façon la plus extrême et la plus honnête possible.
Ton nom de danseuse aujourd’hui fait-il référence à cette timidité ? silent : Oui, tout à fait. J’ai mis beaucoup de temps à trouver comment j’allais m’appeler. Je me suis demandé ce que je voulais amener de moi-même dans cette danse. Silent, c’est un personnage qui parle peu, qui observe beaucoup, qui a des flashbacks et qui entend des voix de son passé. C’est autour de ces traits de caractère que je développe tous mes concepts et mon storytelling.
Le concept de personnage et de storytelling est prégnant dans le Krump, alors qu’il l’est moins dans le hip-hop. Rubix, ta danse est aussi caractérisée par un storytelling. Qu’est-ce qui a forgé ce mouvement ?
rubix : Je suis très influencé par le Krump et les histoires qu’ils arrivent à raconter. Selon moi, la danse est une chose, mais ce n’est rien comparé à l’aptitude à raconter une histoire avec sa
« TA DANSE DOIT ÊTRE TON POINT DE DÉPART, MAIS TU DOIS ÊTRE EN CONVERSATION
Jeune prodige, tous les yeux sont rivés vers Silent pour cette nouvelle édition de Red Bull Dance Your Style.
danse. Nous, les danseurs hip-hop, nous aimons trop la danse. Et cela fait que beaucoup ne comprennent pas que parfois, pour raconter une histoire, il faut arrêter de danser. Il faut isoler le mouvement pour exprimer autre chose. C’est ainsi que j’ai développé mon esthétique, ma maîtrise des lignes, des isolations, du tempo, etc.
Rubix, on t’appelle aussi « The Grizzly ». D’où vient ce nom ?
rubix : The Grizzly est un nom qui remonte au Fusion Concept de 2019, je crois. Cette année-là, il y avait vraiment une grosse line-up. Avec Kuty, on a été appelés en dernier, et Kuty me disait : « Wouah, on a été appelés en dernier, peut-être que les gens ne veulent pas danser contre nous. » Je lui ai répondu : « Ou alors peut-être qu’ils ont peur », en doublant ma phrase d’une imitation de grizzli : j’ai levé les bras et mimé des griffes. Quand on a été appelés, je suis descendu sur scène avec les bras levés, j’ai dansé ainsi, et le mouvement a pris ! Le public le reprenait. Lors des éditions suivantes, tout le monde levait les bras lorsque je le faisais. Ce grizzli est devenu une célébration. C’est une preuve de la foi qu’ont les gens dans la danse.
Comment qualiferiez-vous le style de l’autre ?
rubix : Silent est remplie de surprises. Elle réussira toujours à marquer une différence par rapport à son adversaire. Elle réagit vite, elle peut passer d’un get off à une petite gestuelle clubbing, et cela donne un relief fou à sa danse. Elle manage très bien ses battles, elle a plein d’armes qu’elle sait utiliser à bon escient. silent : Rubix… Il est pénible ! Il prend toute la place, toute la scène, toute la salle, et même en dehors. Son storytelling est précis, impactant, il sait toujours dans quelle direction il va. Il est redoutable.
« LE MEILLEUR MOYEN DE CONTOURNER LES RÈGLES, C’EST DE LES SUIVRE À LA LETTRE. »
Selon vous, est-ce la musique qui dicte la danse, ou la danse qui dicte la musique ?
silent : Quand tu es en battle, c’est la musique qui arrive en premier. Elle influence ta danse, mais ce qui est important pour moi, c’est de ne pas se faire avoir par la musique. Ta danse doit être ton point de départ, mais tu dois être en conversation avec la musique. L’important – et c’est là que réside toute la complexité – c’est que, si tu tombes sur un son qui ne t’inspire pas, il faut quand même réussir à faire un passage dont tu sois fière.
Lors de la compétition Red Bull Dance Your Style, je suppose que vous dansez parfois sur des sons sur lesquels vous n’auriez pas dansé spontanément. Toi Rubix, lors de la finale 2024 à Mumbai, tu as été amené à danser sur des sons variés, comme des samples de la Macarena ou Party Rock Anthem de LMFAO, et tu as retourné le public à chaque passage. Dans ce genre de situation, comment adaptes-tu les règles pour les faire tiennes ? rubix : Honnêtement, je pense que le meilleur moyen de contourner les règles, c’est de les suivre à la lettre. Mettons qu’on te demande de danser sur un son de Michael Jackson. À partir du moment où le son commence, je ne suis plus Rubix : je suis Michael Jackson, à ma manière. Si c’est la Macarena, alors je fais comprendre au public qu’on est tous ensemble, dans la salle de la Macarena, et qu’on va tous danser. Je m’approprie l’univers dans lequel la musique me fait entrer, et je l’amplifie. Dans ce battle, tu as deux options : soit tu te mouilles et tu incarnes à fond l’univers proposé, soit tu restes pleinement toi-même –mais l’entre-deux ne fonctionne pas.
C’est un format de battle compliqué ? rubix : Oui, car ton corps réagit différemment sur un son commercial que sur un son hip-hop. Danser sur un hit connu du grand public, comme du Michael Jackson, demande un travail émotionnel fort. Ces musiques portent un héritage, réveillent des souvenirs. Les incarner, même sur un seul passage, demande énormément d’énergie. Tu sors de ce battle épuisé.
Et le fait que ce soit le public qui vote, qu’est-ce que ça change ? silent : Ça rajoute de la complexité ! Le public n’est pas danseur, donc il faut réussir, en une minute, sur un son commercial, à faire comprendre sa technicité à quelqu’un qui n’y connaît rien. Il ne s’agit pas de simplifier sa danse, mais de la rendre accessible. Ça ajoute un niveau de lecture supplémentaire à la gestion de ton passage. Aussi, musicalement, si le public est le juge, il faut se demander comment lui va entendre le son. Alors que nous, en danse debout, on aime bien décomposer la musique, en tirer des détails, ici il faut se demander si c’est la bonne stratégie.
LA COMPÉTITION RED BULL DANCE YOUR STYLE RAVIVE LES BRAISES DU RED BULL BEAT IT AVEC UNE FORMULE PLUS ACTUELLE ET MAÎTRISÉE QUE JAMAIS !
Rubix fait partie de ces rares danseurs qui continuent de préserver l’ADN de la culture Hip-Hop.
Merci d’avoir partagé vos points de vue et expériences. Avant de se quitter, y a-t-il un sujet que nous n’aurions pas abordé et que vous aimeriez évoquer ? rubix : Oui. Il y a un phénomène dans le Hip-Hop qui nous fait beaucoup de mal, et qui est, selon moi, une des raisons pour lesquelles le Krump ne fait pas partie de la culture Hip-Hop. La transmission de génération en génération n’est plus respectée. Il y a moins ce concept d’être entouré·e d’une équipe avec laquelle on construit sa culture. La culture propre à chaque groupe ne transparaît plus. Il reste six ou sept crews qui portent encore ça aujourd’hui : Sons of Wind, avec leur culture ancrée dans le bounce ; Yudat, très linéaires et techniques ; Sarcellite, avec leur culture de la rue. Mais pour le reste, tout tend à s’uniformiser. On finit par se ressembler culturellement, alors que notre culture, c’est justement notre capacité à faire de nos différences des forces dans la danse.
IG : @rubix_criminalz
Cette année, la finale mondiale accueillera les finalistes de plus de vingt pays à Los Angeles. Hip-hop, popping, house, afro, dancehall, krump, voguing… : tous les styles se rencontrent dans des battles surprenants où les talents s’affrontent sur des hits mainstream, des classiques intemporels et autres pépites sélectionnées par les DJs. La diversité des sons invite les danseurs et les danseuses à repousser leurs limites, à incarner les morceaux, à improviser sans filtre. Dans cette compétition, c’est le public qui décide à chaque battle qui a su conquérir son cœur, rendant le défi encore plus immense pour les danseurs.
Red Bull Dance Your Style est une célébration vivante de la culture urbaine mondiale. Préparez-vous à une finale internationale comme vous ne l’avez jamais vue : honnête, libre et spectaculaire.
Red Bull Dance Your Style World Final, les 11 et 12 octobre 2025, 2:00 UTC+2, Los Angeles, Californie, États-Unis.
De la campagne lilloise aux studios de RFI et France 24, la journaliste et animatrice de télévisionradio Juliette Fievet a bâti un parcours sinueux mais habité, fait d’engagements, de rages et de transmissions. À la tête de Légendes Urbaines, elle vient d’être nommée Chevalière de l’Ordre de la Pléiade. Une distinction collective, selon elle, qui éclaire enfin un travail long, loyal, et souterrain.
Légendes Urbaines ne se vit pas seulement derrière un écran, c’est aussi du live.
Fin de journée parisienne dans le XVIIIe. Je retrouve la journaliste et animatrice radio Juliette Fievet dans un bar ni trop bobo, ni trop PMU – un lieu sans prétention, où l’on peut écouter du bon hip-hop sans avoir à crier pour se parler. Elle revient tout juste de la Côte d’Ivoire, mais ce n’est pas la grande forme : une intoxication l’a menée à l’hôpital. Pourtant, fdèle à sa parole et malgré la fatigue, elle est là. La discussion est intense, simple, captivante. Le franc-parler de Juliette fait partie de ce qui la rend vraie, authentique, profondément généreuse dans sa relation à l’autre. Juliette Fievet fait partie de ces femmes journalistes au parcours sinueux, guidée par la passion et les énergies croisées au fl de sa vie. Ces rencontres l’ont menée vers de nouvelles aventures, de nouveaux caps – parfois fuides, parfois âpres – sans jamais l’égarer. Autrefois naïve et insouciante, portée par son amour de la musique, avide de défs et d’innovation, elle a connu mille vies dans ce milieu. Mais toujours avec une boussole : la transmission, et la mise en lumière des autres. Sans rien attendre, si ce n’est du respect, et un soupçon de reconnaissance. Aujourd’hui, après trente ans de carrière et d’impact réel, cette reconnaissance se matérialise. En juin, elle sera nommée Chevalière de l’Ordre de la Pléiade –un ordre à vocation internationale, destiné à saluer celles et ceux qui servent les ponts interculturels de la francophonie. Un titre qu’elle ne voit pas comme une victoire individuelle, mais comme un triomphe collectif, au service d’une cause bien plus vaste. Retour sur le parcours singulier de Juliette Fievet, journaliste et animatrice de radio et de télévision. Une personnalité efroyablement inspirante, indulgente, brave, dont la loyauté et la constance pourraient faire rougir l’industrie.
De l’injustice au rap, une trajectoire viscérale
Pour comprendre le parcours de Juliette Fievet et ses motivations, il convient de reprendre son histoire depuis le début, car si on pourrait penser que ses actions sont animées par une question identitaire qui aurait tracé une ligne de fuite, ce n’est pas tout à fait le cas. C’est un feu plus ancien, plus difus, mais tout aussi brûlant. « C’est plus la question de l’injustice. » Juliette prononce ces mots comme on désigne une évidence, un socle invisible sur lequel tout le reste s’est construit. Adoptée à deux ans par une famille ch’ti où les blagues sont « graveleuses » et où le silence n’a jamais eu droit de cité, elle raconte avec une liberté brute : « Depuis que j’ai des souvenirs, je sais que j’avais été adoptée. Ça a toujours été quelque chose évoqué très librement, j’ai été traitée exactement à la même enseigne que tous les enfants de la famille. » L’enfance passe sans trouble, mais le monde, dehors, se charge de rappeler qu’elle n’est pas comme les autres : « C’est quand tu commences à aller à l’école et qu’en primaire, on te dit des choses sur ta couleur et tes cheveux… »
Les mots, les regards, les silences. Et des parents « de la classe moyenne », loin des débats sur les droits civiques mais « profondément pas racistes ». Seulement voilà : « Ça ne s’est pas du tout arrangé avec le temps et, en efet, j’ai fni par me retrouver face à un mur, parce que mes parents, quand bien même ça les touchait et ça les blessait (entre injustice et insultes), ça n’était pas un vrai sujet le racisme », me confe-telle. Dans cette fracture, elle trouve une langue, une rythmique, une urgence : le rap. « Moi j’ai toujours chanté et crié sur tout, tout le temps et étant hypersensible et émotive face aux injustices, cette musique m’a permise de me sentir comprise. » Les voix qui résonnent en elle s’appellent Public Enemy, 2Pac, The Beatnuts. « Je ressemblais plus à Queen Latifah qu’à Patricia Kaas », dit-elle, presque en riant. Mais la vérité est là : « C’était surtout une histoire de dénonciation. » Le rap l’engage et lui donnera la force de poursuivre ce pour quoi elle a toujours été faite : une journaliste altruiste aux rêves de grandeur. Mais, cela ne sait pas fait en un claquement de doigts.
Pas de retour en arrière
Flyers du festival Pas de quartier avec Wu-Tang Clan en headline.
C’est à Lille que tout s’accélère. Celle qui a grandi à Fournes-en-Weppes quitte les bancs de l’école à 18 ans et les contours rassurants de son village pour rejoindre la ville, direction l’Aéronef. « J’arrête l’école et il me faut bien huit à neuf mois avant de trouver un job », se souvient-elle. C’est dans les salles de concert qu’elle traîne ses baskets, là où les programmations de Manu Barron, « un sacré punk de vingt-huit ans à l’époque », agitent déjà l’underground. À ses côtés, Hervé Bordier – futur Eurockéennes, Rio Loco –
« Il m’a appris que le bling, le shine, on s’en fout. Il faut rester humble. On fait de la musique, pas des opérations à cœur ouvert. »
donne le ton. Ensemble, il et elle lancent un festival hip-hop audacieux baptisé Pas de quartier, avec « que des stars de la danse et de la musique… tout le rap français et le Wu-Tang ».
Juliette, elle, n’a pas encore le badge, mais déjà l’instinct. Un soir, elle tente sa chance : « Je vais voir Manu, je lui raconte n’importe quoi mais il me propose de venir le voir lundi pour en parler plus sérieusement. » Le jour J, elle sort « son meilleur numéro de claquettes ». Et malgré le bluf, Manu lui tend la main : « D’un coup je deviens membre de l’équipe et il me donne un bureau, un téléphone et un fax. C’est parti, pas de quartier ! » Juliette est propulsée à la communication du festival, gère l’accueil des artistes, sans avoir « aucune compétence » sur le papier. Mais qu’importe : « Je suis folle de joie, quelle dinguerie ! »
L’expérience la mènera bientôt à Paris, entre promos indépendantes et premières rencontres avec les médias. Elle croise Fred de Skyrock, passe chez Télé Radikal, accompagne le 113 pour la sortie de Ni barreaux, ni barrières, ni frontières (1998) : « Nous voilà dans le nord de la France avec Rim’K, Mokobé, AP, Manu Key, dans une espèce de van pour faire le tour des radio campus du Nord Pas-de-Calais. » Elle s’éclate, mais pressent que ce n’est pas sa voie : « Je me rends très vite compte que ça n’est pas mon métier d’être attachée de presse. » Mais ce n’est pas grave, car après avoir multiplié les aller-retours entre Paris et Lille, son ami Doudou Masta, un passionné qui veut monter un collectif de vingtcinq rappeurs, Boogotop – avec studio ouvert jour et nuit, où passent La Brigade, la Mafa K’1 Fry, Lord Kossity – lui confe la coordination, la com’, le mana gement. Elle accepte sans hésiter : « J’avais envie d’aller dans le nerf de la guerre. Lille, c’était fni. » Mais comment vit-on ces bonds permanents dans le vide, sans flet, sans manuel d’apprentissage ? « En vrai, grâce à une augmentation de mon niveau d’inconscience qui est folle. » La passion, voilà le carburant. « À vingt ans, rien ne peut t’arrêter et tu es drivée par la nouveauté. » Pas de plan de carrière, Juliette Fievet tente et vit : « Tu fais des sauts dans le
vide, sans te rendre compte du danger. Vraiment. Avec du recul, je me dis, plus jamais ! » D’autant plus que le terrain est rude, l’époque peu encline à parler de féminisme ou de mixité. « Oui, il y avait des gros lourdingues, mais j’étais vue comme une OG et j’ai réussi à m’imposer avec le travail. » Elle n’est pas venue « faire des colliers de nouilles », prévient-elle avec ironie. Les mecs sont surpris. Alors oui, la misogynie, elle l’a sentie, mais pas toujours là où on l’attend : « Plutôt de la part de boss de maison de disques, boss de radio… ça m’a jeté des briquets au visage et d’autres dingueries. »
Mais la jeune adulte continue. Parce qu’elle sait d’où elle vient. Parce qu’elle sait ce qu’elle quitte. Parce qu’à l’aube du premier Pas de quartier, son père décède « d’une maladie foudroyante deux jours avant le début du festival ». Manu lui dit de s’arrêter. Elle répond : « Non, au contraire ! » Elle avance, porte aussi le poids des siens. « Une fois que t’as fait 15 km de Fournes-en-Weppes à Lille, c’est déjà un chemin, et puis Lille à Paris 200 km… en prenant le soin d’appeler ta mère tous les jours pour lui dire que tout va bien, tu n’es pas morte. » Elle mesure les sacrifces. La douleur laissée derrière. L’inquiétude que son choix provoque. « Tu prends conscience que ton choix a fait soufrir ta famille et qu’elle s’inquiète pour toi. Donc il faut y aller ! » La réussite, dit-elle, ne va jamais sans ce genre d’épreuves.
La hardiesse, chez Juliette Fievet, ne relève pas du tempérament mais d’une éthique. Une façon de marcher droit au bord du précipice, portée par la fdélité à ceux qui ont cru en elle. Je lui glisse : « Il y a aussi de l’audace chez toi, dans ce que tu incarnes et la manière dont tu délivres les choses. » Et aussitôt, elle rend hommage à ses pairs, ses guides, ses éclaireurs – à commencer par Patrick Colleony, véritable homme de musique.
À cette époque, elle gère encore le groupe de rap Expression Direkt, seule, en indépendante, dans ce qu’elle appelle une aventure « en mode abracadabra
Pionnier dans l’âme et directeur artistique légendaire pro indépendance qui privilégiait la musique aux paillettes, il fut le premier à décrocher la distribution française du label anglais World Circuit – futur tremplin de l’immense succès du Buena Vista Social Club. Fervent enthousiaste du blues, jazz, soul etc, il est celui à l’origine de la signature de George Clinton. Dans les années 90, il bifurque vers le rap hexagonal, côté Night & Day puis Next Music, puis Nocturne, il ira jusqu’à créer son propre label, On the Corner, fidèle à son instinct
production », nous sommes à la fn des années 90. Deux ans de galères et d’improvisation, jusqu’au jour où tout bascule : « L’un des rappeurs du groupe met une grande gife au directeur artistique. » Le décor est planté : « C’était violent à l’époque. Je me souviens même du pitbull d’un autre rappeur égorgé en plein studio. » L’évocation est saisissante, presque cinématographique. Brève aparté, le documentaire DJ Mehdi: Made in France sorti en 2024 lui revient comme une capsule de cette époque fébrile, où « Rud Lion s’est fait assassiner par sept balles dans le corps » et « Expression Direkt s’est fait jeter d’Universal pour coups et blessures ».
C’est à ce moment-là qu’elle croise la route de Patrick. Weedy (d’Express D) lui présente Colleony, qui cherche à signer le groupe chez Next Music. Elle saisit l’occasion : « J’en profte pour exprimer mon intérêt de rejoindre les rangs. » Le poste se libère, elle remplace William Edorh. Mais très vite, la direction artistique la déroute : « Patrick me sort : “Là, on part sur le new roots et ragga dancehall”, carrément pas mon truc… » Elle se surprend à plonger dans un univers inconnu : Burning Spear, Sizzla, Bounty Killer, Beenie Man, Elephant Man, Vybz Kartel. Elle travaille avec eux, les accompagne, voyage avec Patrick, qui « physiquement ressemble à Dave en mode punk, c’est complètement absurde et surréaliste ». Cannes, les fls Marley, le flm One Love
En 1999, Juliette Fievet reprend le management d’Expression Direkt.
Claudy Siar, Beenie Man et Juliette Fievet sur Couleurs Tropicales, 2016.
avec les dents. » Elle évoque aussi le vide entre deux rencontres, le silence entre les tremplins : « Je parle rarement des laps de temps où avant de rencontrer quelqu’un, il peut se passer cinq ans. » D’où cette gratitude viscérale envers Patrick, son mentor. Il m’a appris que le bling, le shine on s’en fout. Il faut rester humble. On fait de la musique, pas des opérations à cœur ouvert. » Alors que d’autres paradent aux NRJ Music Awards, eux « étaient dans des bars en train de boire du vieux cognac ». Et elle en est sûre : On rigolait beaucoup plus. » Juliette Fievet résume tout cela dans une formule organique et défnitive : « Donc ouais, j’ai une formation punk, avec des rockers et des rappeurs, où tout le monde était mélangé mais avait ce même esprit. » Mais bientôt, un nouveau chapitre de vie pro se présente à elle comme un signe du destin, une liaison directe entre la France et l’Afrique.
Juliette Fievet voyage sans cesse, repasse par les mêmes terres avec une ferveur inchangée, entre Kinshasa et Conakry, Abidjan et Dakar. Parfois pour tourner un épisode de Légendes Urbaines, parfois juste « pour le plaisir ». Mais toujours avec ce souci d’aller « saluer les homologues dans d’autres médias », de se perdre dans les makis, de s’asseoir à hauteur d’histoires, là, « à la rencontre des gens ». Juliette Fievet n’est pas de celles qui survolent. Elle plonge, s’ancre, et bâtit des ponts entre les continents. « Celle qui fait le pont entre les pays d’Afrique et la France. » Ce n’est pas une posture, ni un rôle qu’elle s’est donné. « Ce qui est ouf, c’est que c’est vraiment le continent qui est venu me chercher. » Il y a là quelque chose de l’appel intime, du naturel qui déborde les trajectoires prévues.
Mais ce qui compte, ce n’est pas l’exotisme d’antan des scènes traversées. C’est la loyauté envers ceux qui tendent la main. « Moi, à partir du moment où tu me donnes ta confance, il y a la passion, certes, mais il y a aussi le fait de ne pas décevoir le peu de personnes qui m’ont soutenue. » Elle me raconte avoir continué pour eux, les jours où elle ne pouvait plus avancer pour elle-même. « Je me suis toujours battue pour faire honneur à Manu et puis Patrick. » Ce n’est pas rien, soufe-t-elle. Tout ce qu’elle a, elle l’a « arraché
Remontons un peu dans le temps. Tout commence à Lille, où la future journaliste qui a grandi entourée d’Ivoiriens et de Congolais, découvre « pleins d’artistes africains », se sensibilise aux musiques africaines. C’était l’époque des soirées déguisées : « Les organisateurs disaient que c’étaient des soirées afro-antillaises, alors que non, c’était du gros rap. »
Pour satisfaire les exigences administratives, ils « passaient du gros Ndombolo, du Kof Olomidé », parfois des « grosses sessions de 30 minutes de zouk et de musiques africaines ».
Un amour pour ces genres qui s’amplifera plus tard chez Next Music (en 2009): « On avait le plus gros label au monde de musique africaine, Sonodisc, dont on distribuait les artistes. » Tabu Ley Rochereau, Papa Wemba, JB Mpiana, Magic System ou encore Africando… Elle les voit passer, elle rigole « avec les tontons sans réellement [s]e rendre compte de la puissance du truc et de leur héritage .» Africando, c’est le Buena Vista Social Club de l’Afrique, et leur album Betece s’était écoulé à plus de 200 000 exemplaires physiques (une petite folie pour ces temps-là).
Chefe de projet sur les musiques jamaïcaines et urbaines, elle œuvre en parallèle avec ces icônes africaines, accompagne leurs tournées, produit leurs concerts qui cartonnent dans toute la francophonie.
Mais ce sera à son entrée à RFI en 2009, sur Couleurs Tropicales, que la rencontre avec l’Afrique se formalise. « La vraie rencontre ofcielle ça a été quand je suis arrivée sur Couleurs Tropicales, “l’émission des musiques afros” de RFI » qui a aujourd’hui trente ans. Pourtant, la légitimité n’est pas immédiate : « Je ne me sentais pas dans mon bon droit sur le créneau de la musique africaine traditionnelle bien que je la connaisse… »
Suite au départ de Claudy Siar, fgure tutélaire et fondateur de Tropiques FM, elle fait partie des chroniqueurs pressentis pour le remplacer. Mais ce lien, viscéral, dépasse les postes ou les auditions : « Je dirais que ma relation avec l’Afrique a toujours existé, mais que ma liaison avec le peuple de ce continent, c’est grâce à Couleurs Tropicales et RFI. »
Impact réel, combat frontal
Donner de la visibilité. Octroyer du respect. Cela semble simple, presque évident. Mais la réalité, elle, est tordue, pleine de fauxsemblants. Juliette Fievet le sait mieux que quiconque : « Mieux vaut un vrai ennemi en face, qu’un faux ami derrière. »
Dans les bureaux de Next Music, début des années 2000.
Car souvent, les résistances viennent de là où l’on espérait du soutien. « Les gens les plus réfractaires sont a priori ceux qui devraient être les plus touchés par les musiques africaines, ne serait-ce que les rappeurs du continent. »
Elle se souvient de sa rencontre avec les Kif No Beat, ce groupe ivoirien qu’elle accompagne au-delà de la scène, jusqu’à la matrice même de leur son : « Il y a une dizaine d’années j’ai rencontré les Kif No Beat, j’ai même fait la direction artistique de leur dernier album, Bledard is The New Fresh (2019). J’étais en studio avec eux pendant quatre mois en Côte d’Ivoire. » Cette immersion n’est pas une exception : « Grâce à Couleurs Tropicales, ça fait peut-être dix-sept ans maintenant que je vais en Afrique, pour hoster des shows, pour présenter des festivals. »
Sur place, elle découvre des artistes « zinzins », dont la créativité inspire même certains noms français. Sauf que l’échange n’est pas toujours équitable. « Des artistes de France, urbains, issus de la diaspora vont sur le continent prendre leur vibe, leur mélo et repartir, sans leur donner l’heure. » L’injustice la révolte, encore : « Comme si être Africain, ça n’était pas hype. »
Elle nomme ceux qui font exception, ceux qui respectent l’origine de leurs infuences : « Naza, Keblack… » Et ce qu’elle dénonce va au-delà de la musique : « J’ai toujours trouvé odieux que des artistes de la
diaspora, descendant de celle-ci, qui eux-mêmes vivent des injustices dans leur game en France, reproduisent exactement le même schéma sur le continent. »
Et pourtant, ces artistes-là, ceux du continent, ont un talent extraordinaire ». Ce qui leur manque, ce n’est pas la ferveur, c’est « l’industrie et des moyens ». Pire : « Certains sont copiés par des personnalités qui pourraient les aider grâce aux featurings, par exemple », mais que nenni. Dans ses souvenirs, elle revoit les portes qui se ferment, les sourires condescendants. « J’ai le souvenir d’être allée voir des médias urbains français pour les convaincre de leur donner de la force… Tu n’imagines même pas le niveau de condescendance. Pendant des années, on ne m’a pas calculée. » Aujourd’hui, les lignes bougent un peu. « C’est bien la première fois qu’on s’excite sur un artiste du continent, Himra, et que c’est la bagarre. »
Entretien avec Sean Paul avant la sortie de son septième album.
Même les succès majeurs ne disent pas toute la vérité. « Même MHD, avec tout le respect que j’ai pour lui, a certes popularisé l’afrotrap, mais ce sont les Africains qui ont mélangé les sonorités du bled avec le rap et la trap. » Ce style, né bien avant lui, lui échappe en partie. Alors non, on ne changera pas la carte du monde. Mais on peut, à notre échelle, veiller à la rééquilibrer. « La cartographie est telle qu’elle est, on ne peut rien y faire, par contre on peut aider et essayer de pallier les inégalités. » Et quand on lui dit que son émission Légendes Urbaines, dont elle est aux manettes depuis juillet 2018, « c’est l’Afrique », elle corrige : « Ce n’est pas plus l’Afrique qu’ailleurs, ce sont des légendes. »
Nouvelle casquette, nouvelle légitimité
Kiff No Beat et JF devant les locaux de RFI et France 24, 2018.
Créer une émission, ce n’est pas un coup d’éclat. C’est souvent un saut dans le vide, un recommencement. « À chaque fois que j’ai fait quelque chose, il a fallu que je reparte à zéro. » Pour Juliette Fievet, cette reprise constante a longtemps été une réalité genrée. Elle observe avec lucidité : « Tu te rends vite compte que c’est aussi un truc de meuf. Je commence tout juste à me sentir légitime pour tout te dire. C’est très féminin, on a toute globalement le syndrome de l’imposteur…» En outre, Juliette m’explique que l’École Manu Baron et Colleony lui avait enseigné que : « T’es pas là pour te mettre en avant » avant d’ajouter, « T’as le savoir-faire et le faire savoir. » Mais quand on s’eface derrière les autres, certains n’hésitent pas à ne pas vous créditer.
« Même quand t’as prouvé et vendu des millions d’albums, on ne te donne pas tes lettres de noblesse. »
Alors elle fait un pas de côté, choisit la radio, la télé, les contenus à son nom. Une audace mal comprise. « Il y a même des artistes qui ont arrêté de travailler avec moi, en me disant : “Tu veux briller mais en fait, c’est à nous de briller, on ne comprend pas là où tu veux aller.” » Retour à zéro, encore. Mais avec humilité car « ce n’est pas parce que tu es manager ou productrice que tu es bonne journaliste. » Elle garde les pieds sur terre, même
en regardant ceux qui brillent sans fond : « Quand tu vois le niveau de certain versus ceux qui ne bossent pas et qui ont une carte de presse, t’as peur. » Mais le monde a changé : « On est en 2025 et il y a des YouTubeurs qui interviewent Obama, donc bon. »
Sa légitimité, elle vient des artistes eux-mêmes. « Avec des Omar Sy, Alex Lutz, Manu Payet, Booba et Kery James… face à qui je vois que j’ai réussi à mettre des étoiles dans leurs yeux, je me dis que j’ai réussi. » Elle résume Légendes Urbaines comme une promesse de douceur dans une époque en vrille : « Je veux envoyer du love, parce que le monde part en sucette… avec des titres un peu putassiers, et c’est insupportable. »
Et si elle ne fait pas le buzz, elle tient bon : « Je préfère être respectée au bout de quelques années… que faire l’étoile flante. » Une philosophie qu’elle partage – parfois avec fermeté – à son community manager. Parce qu’au fond, elle pense à l’humain, toujours : « J’ai conscience de parler à des millions de personnes, donc qu’est-ce que j’envoie aux gens ? » Elle revient sur l’époque où elle manageait Kery James, ces interviews malhabiles, voire déplacées : « On avait l’impression que les journalistes parlaient à un imam, alors qu’on est juste venu vendre un album. » L’écoute, voilà le nerf. « Tout le monde a un truc fascinant de sa vie à raconter, faut juste avoir de l’intérêt et être sincère. » Alors oui, la journaliste de renom qu’elle est devenue aujourd’hui enrage une fois de plus en voyant ses homologues « sur les gros plateaux radio/TV interviewer des big rappeurs et leur parler en français facile, en petit nègre par souci de bienveillance ».
Avec Légendes Urbaines, Juliette Fievet interroge la hiérarchie implicite des légitimités : « Pourquoi ton artiste/légende départementale aurait plus d’importance que la légende de la Guinée-Conakry ? » Le rappeur malien Iba One, par exemple, a rempli « trois stades de 90 000 personnes à Bamako en deux ans », rappelle-t-elle. Il faut « remettre l’église au centre du village ». Elle raconte enfn Arafat, son ami, en colère de n’avoir que des médias communautaires africains en promo, alors qu’il venait « faire le truc des Blancs et des trucs mainstream ». Ni une ni deux, Juliette s’était improvisée attachée de presse pour le soutenir : « On a fait un nocturne sur Skyrock, une soirée dédiée, puis sur les radios OKLM et Wanderlust (il y a six ans de ça). » Et elle conclut, avec l’élégance de ceux qui agissent sans attendre, en me regardant droit dans les yeux : « T’es là, je peux faire, je fais encore plus si c’est de façon altruiste. Quelque part, ta réussite, c’est la nôtre. »
« C’est une victoire réconfortante et collégiale, qui signifie qu’on me reconnaît et qu’on nous reconnaît et qu’on reconnaît le travail acharné de mon équipe sur
Légendes Urbaines. »
Le rappeur Kery James, qu’elle a accompagné pendant de nombreuses années.
fée en Afrique, beaucoup moins en France métropolitaine et j’ai beaucoup de gratitude. » Là-bas, l’amour se donne sans détour, et l’élan positif n’est jamais tourné en ridicule. « C’est un continent où la positivité est très valorisée, pas décriée comme en Occident. Là-bas, on t’aime ou on ne t’aime pas. » Et ce qu’ils voient, ce n’est pas seulement une animatrice ; c’est une femme libre, qui choisit de faire ce qu’elle fait : « Ils ont conscience de ce que représente France 24 et que je ne suis pas obligée de faire ce que je fais. » Tandis qu’en France, la reconnaissance arrive lentement. Mais ce n’est pas vraiment ce qu’elle attend. « Je ne veux pas de reconnaissance, je veux du respect pour mon travail. » Ce qu’elle souhaite, c’est une lumière posée sur Légendes Urbaines, pour que chacun·e puisse découvrir « ce qu’on propose : des êtres humains, du lien, un truc réconfortant ». Un baume dans un monde de plus en plus aride. « Je suis convaincue que ça peut faire du bien aux gens et que c’est utile, particulièrement aujourd’hui. C’est maintenant qu’il faut se poser des questions, pas dans deux ans quand on sera bien dans la merde. »
Alors elle avance, elle tente de tisser des passerelles improbables : « J’ai essayé de faire des ponts : Lara Fabian et Da Uzi, Thomas Pesquet et Alpha Blondy. » Pour montrer que « c’est possible, et qu’on est beaucoup plus liés qu’on ne le pense ». Car tenter de changer les choses, ou ne serait-ce que de les adoucir, « relève de notre responsabilité, et elle s’inscrit aussi dans ce type de projet. Légendes Urbaines, ditelle, c’est ma façon d’essayer d’éteindre le feu ».
Elle tend le micro à celles et ceux que la société singe et tourne en ridicule depuis trop longtemps.
Ne pas attendre l’hommage
Aujourd’hui, elle est une fgure incontournable de l’autre côté de la Méditerranée. « Je suis ultra identi-
« Je montre le vrai visage de celles et ceux qu’on s’évertue à caricaturer depuis toujours, sans pour autant leur racheter une conduite. » C’est là, dans cette nuance, que son émission devient politique.
« Cette énergie d’amour, ça fait des tsunamis et ça se répercute de façon hallucinante. » Mais derrière la beauté du geste, le poids du quotidien demeure.
« Parfois je suis triste car une partie du travail de mon équipe – et nous ne sommes que trois – n’est pas assez valorisée. » Un réalisateur, un community manager… et le reste, c’est elle : « Programmation, écriture et animation. »
Cependant, ça paye. Doucement, mais sûrement.
« Notre victoire, c’est qu’aujourd’hui on est l’une des émissions les plus populaires du groupe. » L’audience parle : Légendes Urbaines touche celle de RFI –
« 61,4 millions d’auditeurs par semaine dans 35 pays » – et celle de France 24 – « 97,8 millions d’auditeurs par semaine, sur 76 pays, soit 481,7 millions de foyers potentiels ». L’émission est difusée
« sept fois par semaine sur France 24, quatre fois sur RFI, deux fois sur France Info TV et YouTube. » Mais la marche reste longue. « Il reste encore beaucoup à faire, notamment du côté de la plateforme YouTube, qui pourrait être davantage exploitée. » Elle garde pourtant foi dans le temps long, dans les justes équilibres. Le contexte médiatique évolue, les formats longs reviennent en grâce, et Légendes Urbaines trouve sa place naturellement.
Chevalière en métro
« C’est quand même un délire. » En juin 2025, Juliette Fievet sera faite Chevalière de l’Ordre de la Pléiade, cette distinction honorifque remise par l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, dont le tout premier récipiendaire fut Léopold Sédar
Chez Juliette Fievet, les mots sont pesés, choisis, articulés avec une précision presque musicale, surtout quand il s’agit de rendre hommage. Et quand elle parle d’afrobeat, ce n’est pas pour surfer sur une tendance, c’est une affaire de cœur, d’organes et de rythmes. « J’ai un tel respect pour l’afrobeat, celui de Fela, et je suis la plus grande fan de Burna Boy, Omah Lay, Rema. C’est mon son, c’est ma vie. Je me bousille à ça. » Mais dans le paysage hexagonal, la confusion règne, et ça la dérange. « En France, qui fait réellement de l’afrobeat ? Tu peux avoir des influences, mais je ne connais pas de Omah Lay français. » La précision, pour elle, est une forme de respect. « Il y a des gars qui sont très bons dans leur truc mais ils vont faire du R&B, de la pop urbaine, mais ce n’est pas de l’afrobeat. Keblack, on pourrait dire okay, mais ce n’est pas de l’afrobeat. »
Ce qui la crispe encore plus, c’est ce glissement lexical qui tord les racines pour mieux les faire rentrer dans des cases marketées. « J’ai du mal avec cette nouvelle catégorie fourre-tout qu’on nomme afrobeats, avec un “s” pour se distinguer de l’héritage de Fela Kuti. Un “s” qui englobe bien trop d’artistes aux identités plurielles. » Une simplification à ses yeux injuste et dangereuse. « On ne compare pas Tiakola avec Dadju ou Joé Dwèt Filé. Sous prétexte qu’il y a quelques sonorités africaines, on appelle ça de l’afrobeats, je trouve ça super réducteur. » Juliette Fievet comprend, bien sûr, les logiques de l’industrie, « cette nécessité de classer les artistes pour les ventes ». Mais elle tient à rappeler que la justesse existe, et qu’il faut s’y atteler. Quant à l’afrobeat – le vrai – elle le revendique comme un terrain sacré. « L’afrobeat c’est tellement spécial, que le fait d’y ajouter ce “s” pour moi c’est déjà une hérésie. » Alors elle interroge : « Ce que je ne comprends pas c’est : “Qu’est-ce qui empêche les gens d’être précis ? La flemme ? Mais de quoi ?” » De nos jours, l’accès à la culture est instantané, « on a des playlists sur les plateformes, Internet, tout est là pour se construire une culture musicale en dix minutes. À mon époque, il aurait fallu dix ans », dit-elle avec une pointe d’ironie et d’exaspération face à ce qu’elle perçoit comme un manque de curiosité.
Senghor (ancien Président de la République du Sénégal). Et cette reconnaissance, venue d’ailleurs, vient toucher un endroit précis de sa trajectoire : « J’ai une amie députée qui a proposé ma candidature sans que je le sache. Quand je l’ai appris, j’étais extrêmement touchée, car pour ma part je n’ai pas eu mon bac. »
C’est chez sa mère qu’elle l’annonce, sans fltre ni distance. « Je crois que c’est ça ma victoire. Elle en a pleuré de joie. » Puis une deuxième onde l’envahit, presque irréelle. La deuxième émotion fut le soufe coupé : « Moi qui suis le vilain petit canard depuis toujours, on me reconnaît enfn. » Toute une vie de reconnaissance diférée, d’actes posés dans l’ombre, de gestes sans applaudissements. Légendes Urbaines a trouvé son public, mais reste trop souvent « souscotée en France pour des raisons obscures ». Et voilà qu’« il y a cette médaille qui arrive ».
Alors elle pense à tous ceux qui doutent encore d’elle. À ceux qui, malgré les années, questionnent encore son travail, son écriture, sa parole. « Je passe ma vie à leur dire que oui, c’est moi qui écris mes introductions d’émission. » Et de souligner une réalité qui a la dent dure : « Je pense sincèrement que si j’étais un mec blanc de cinquante ans, la question ne se poserait pas. » Le syndrome de l’imposteur revient au galop. Juliette Fievet ne s’est jamais vue comme une autrice. Et pourtant : « Quand on reconnaît tout ton travail, et ton impact dans la culture concernant les liens interculturels dans le cadre de la francophonie… tu te prends une claque. » Car oui, « aucune personne venant de l’univers du rap ne l’a jamais eue ». Alors elle le dit, sans détour : « C’est une victoire réconfortante et collégiale, qui signife qu’on me reconnaît et qu’on nous reconnaît et qu’on reconnaît le travail acharné de mon équipe sur Légendes Urbaines. »
Ce n’est pas un sacre personnel, c’est une avancée partagée. Une réponse à ceux qui lèvent un sourcil quand elle se présente. « Quand tu arrives devant un éditeur dédaigneux et hautain avec ton titre, tu n’as plus besoin de justifcatifs même si tu n’as pas le Goncourt et que tu ne sors pas de l’Académie française. » Elle en rit doucement. « Ça m’a fait très plaisir, c’est vraiment cool. Une Chevalière en métro pleine de gratitude. »
Car l’exigence, elle l’a toujours portée comme une bannière, sans jamais céder au snobisme. « Notre force, c’est la bienveillance et l’élévation du niveau intellectuel. Nous ne sommes ni La Grande Librairie, ni des érudits d’Arte, on est Hip-Hop mais avec une exigence dans les écrits et dans la manière de penser avec un esprit critique aiguisé dans le cadre de l’entertainment. » Monter la barre, oui. Mais « pas faire quelque chose d’élitiste ». Faire mieux, faire haut, avec « dix fois moins de moyens que les autres ».
Et elle le sait : « Même si personne ne peut test les audiences de France 24 et RFI, on doit toujours donner le meilleur. » Et pour ça, on la remercie.
IG : @ juliettefievet
IG : @ lurbainesoff
YouTube : @LUrbainesOff
Originaire de Toulouse, la streameuse et DJ Ava Mind s’apprête à enflammer les scènes des festivals aux côtés de son acolyte Asdek. Elle sera notamment de la partie au Red Bull Turn It Up, lors de Garorock et des Plages Électroniques. Retour sur le parcours de celle qui fait monter les vues et les BPM.
À 33 ans, le parcours
d’Ava Mind donne l’impression qu’elle a déjà cramé plusieurs vies. Streameuse affûtée, DJ survoltée, elle avance comme elle mixe : sans détour, ni pause.
Avant de prendre le contrôle des platines, c’est sur Twitch qu’elle a réussi à fédérer plus de 260 000 fidèles autour de son univers cyberpunk et dark fantasy. Mais depuis deux ans, c’est IRL qu’elle embrase les foules, imposant son style bass music percutant dans un milieu où il faut savoir faire plus de bruit que les autres. Le personnage qu’elle est devenue est le fruit d’un parcours long, risqué et toujours payant. Pour mieux comprendre l’individualité qui se cache derrière l’alias, il faut revenir là où tout a commencé, bien avant les projecteurs et les festivals. À la veille d’une tournée estivale aux côtés d’Asdek, Ava Mind lève le voile sur son parcours pour The Red Bulletin
Le déclic
Ava Mind vit ses premiers émois musicaux et découvre les jeux vidéo à Toulouse, ville où elle a grandi et traversé son adolescence. C’est très jeune que s’est révélée chez elle une sensibilité à la musique. Elle en a conservé la mémoire et évoque des moments aussi précis que fondateurs. « Les premiers souvenirs que j’ai de musique, c’est d’un côté mon père qui écoutait à fond, dans sa Seat Córdoba, de la techno des années 90 comme The Prodigy. Quant à ma mère, elle écoutait du Prince, Michael Jackson et des classiques soul », confie-t-elle. C’est alors que ses parents lui offrent ses premiers lecteurs de cassettes, de CD puis de MP3. Comme pour la plupart des adolescent·e·s ayant grandi au début des années 2000, avec la part de rébellion inhérente à cette tranche d’âge, elle se tourne vers le néo-metal, découvrant Linkin Park, Korn ou encore Deftones. « Dans tout ce que j’écoutais, j’étais sensible à cette sensation de
puissance. » Une puissance qu’elle retrouvera plus tard dans un autre style : la musique électronique. Bac en poche, c’est lors d’un voyage à Londres qu’a lieu le déclic. « C’est là-bas que j’ai découvert la bass music avec la dub, la jungle, drum & bass, etc. J’étais aux prémices de tous ces styles émergents. »
De retour dans la ville rose, elle se met alors pleinement à digger des sons sur des sites comme Radio.blog. club, bien avant l’arrivée des mastodontes du streaming Spotify et Deezer. Au même moment, elle découvre la vie nocturne et révèle avoir passé une majorité de ses weekends au Bikini, emblématique salle de concert toulousaine qui organisait les premières soirées Bass Music. En parallèle à ses études supérieures, elle collabore avec des associations pour y organiser des soirées et booker des artistes. « Je le faisais parce que j’avais des entrées gratos et que je pouvais amener mes potes », avoue-t-elle en riant. Car au fond, elle était poussée par une autre passion : la création photo et vidéo. Mais le chemin n’était pas facile et c’est ainsi qu’elle a vécu son premier coup dur. « J’avais toujours voulu faire une école de vidéo et de photo qui s’appelle l’ETPA, mais je n’ai pas été acceptée car je n’avais pas fait un Bac S. » Ce refus vécu comme une injustice a eu l’effet d’une déflagration. « C’est la première fois que je me mangeais un mur qui n’avait rien à voir avec mes compétences ni ma volonté. C’est la société qui est comme ça. T’as pas assez d’argent ou ton dossier ne passe pas parce que tu ne viens pas d’une famille qui peut se permettre de faire ces choses-là. Je ne comprends pas que l’aspect artistique soit tributaire d’un compte en banque ou d’une formation. » Alors, portée par une profonde conviction et un refus de baisser les bras, elle prend la décision de quitter Toulouse, direction Paris. « J’ai toujours été un peu l’originale de la famille. Je n’avais pas trop envie d’une vie posée en CDI. J’étais donc prête à prendre des risques pour poursuivre mes rêves, ce qui inquiétait énormément mes parents. » C’est là que la nouvelle vie de la jeune femme commence.
Une star du net
Loin d’un destin tout tracé, l’histoire d’Ava Mind est celle de l’effort constant, du doute persistant et du sacrifice. Avant de connaître les projecteurs et la ferveur de Twitch, elle débute sa vie parisienne comme « vendeuse de chaussettes » pour une célèbre marque de lingerie italienne, à des années-lumière de sa vie rêvée. Cette parenthèse, plus longue que prévue, l’amènera même jusqu’à devenir directrice de magasin. Elle décrit cette période comme des années de galère, ponctuées de
« C’est la première fois que je me mangeais un mur qui n’avait rien à voir avec mes compétences. »
« J’ai commencé avec un vieux PC portable branché à une cam. »
Selon Ava, il n’y a jamais de faux départ, il faut simplement se lancer.
doutes. « J’ai eu un contre-coup de “T’es la reine de la ville” à “T’es une nobody, tout le monde s’en fout de toi” », confiait-elle en 2022 au micro de Zack en Roue Libre. Sa vie bascule le jour où le magasin est victime d’un braquage. Sans filet, elle plaque tout et décide de repartir de zéro. Elle enchaîne alors les expériences dans la communication et les médias en freelance. Elle fera ses armes au Manoir de Paris, pour le webmedia Hero ou encore pour des campagnes de publicité où elle s’impose comme Chef Op’. Des expériences qui vont l’amener à faire ses premiers pas face caméra. « J’étais technicienne pour un webmedia qui faisait des lives sur les réseaux sociaux comme Facebook. Un jour, j’avais diffusé un live sur un jeu vidéo. Les gens avaient vraiment kiffé et ça m’est toujours resté. » Si bien que lors de son pot de départ, son équipe lui offre une carte de capture et lui glisse « Si un jour tu streames des jeux, on regardera. »
Son patron lui lance alors, comme une boutade : « On viendra te voir quand tu seras une star du net ! »
En 2019, poussée par son compagnon de l’époque, grand amateur de Twitch, Ava Mind se lance sur la plateforme. « J’ai commencé avec un vieux PC portable branché à une cam. J’ai juste allumé un stream mais sans vraiment en attendre quelque chose. Au début il y avait
que mon gars, un bot et un mec qui passaient de temps en temps pour dire bonjour et ça m’allait très bien. »
La pandémie de Covid-19 en 2020 fera l’effet d’un catalyseur. Confinée, Ava Mind consacre davantage de temps à ses streams, tissant une communauté fidèle. Elle investit dans du matériel et façonne un univers visuel singulier. Mais le véritable tournant survient en avril 2021 avec sa participation au serveur GTA RPZ (jeu de rôle sur Grand Theft Auto V) de ZeratoR où elle incarne Lucy Hellman, une jeune femme atteinte du trouble dissociatif de l’identité (TDI). Cette expérience va révéler son talent d’improvisation. Sa performance la propulse sur le devant de la scène Twitch française, attirant entre 4 000 et 6 000 viewers par jour. Ava Mind passe alors de l’anonymat relatif à un statut de nouvelle étoile montante de Twitch.
Depuis, Ava Mind donne rendez-vous à sa communauté, en fin de matinée ou en début d’après-midi, pour des sessions live où se mêlent gaming et discussions. Entre deux parties, elle partage ses coups de cœur, ses coups de gueule, mais aussi ses découvertes. « Je faisais une sélection musicale tous les jours avec des morceaux que je passais avant et pendant le stream », raconte-t-elle. Aujourd’hui, elle peut s’appuyer sur une bibliothèque de plus d’une trentaine de playlists soigneusement constituées. Ce qu’elle aime avant tout, c’est découvrir et partager. « Pour moi, il n’y a pas plus valorisant que de faire découvrir des sons à des gens qui te remercient. » En septembre 2022, Ava Mind participe à son tout premier ZEvent, le marathon caritatif qui rassemble les plus grands streamers et streameuses francophones. Pour inciter le public à faire grimper les dons, elle
PISTES DE DH
1 verte - 3 bleues
4 rouges - 2 noires - 38 km
ITINÉRAIRES ENDURO
2 bleus - 3 rouges
2 noirs - 101 km
OUVERT 7J/7 REMONTÉES MÉCANIQUES
CIRCUITS
SPECIAL VAE
1 vert - 3 bleus - 59 km
CIRCUITS CROSS-COUNTRY
1 bleu - 1 rouge
« Avant même de prouver que je pouvais en avoir, c’était acté : je n’avais pas de talent... »
Ci-dessus : Asdek, le DJ, producteur et binôme emblématique d’Ava Mind connu pour ses collabs avec Vladimir Cauchemar.
stream : « Mes transitions étaient éclatées mais c’est hyper drôle de voir la progression. » À force d’entraînement et de persévérance, elle prend peu à peu confiance et commence à dompter les decks. C’est alors que sa rencontre avec le DJ montpelliérain Asdek va considérablement accélérer les choses. Très vite, une amitié se noue et Asdek lui lance un pari fou : jouer en public pour la première fois au Rex Club, à Paris, à l’occasion de la sortie de son EP. « J’étais terrorisée, je me disais : “Mais qu’est-ce que je vais foutre au Rex Club alors que je suis encore en train d’apprendre ?” Mais sur un coup de tête je lui ai répondu : “Allez, on le fait mais en b2b, c’est plus fun et je ne me considère pas encore comme une DJ pro”. » Après une soirée qui restera à jamais gravée dans sa tête, Ava Mind et Asdek conviennent de transformer cet essai et d’aller de l’avant.
De cette ambition naîtra en 2024 The Lost Tapes Tour, une première tournée du duo à travers la France construite sur un line-up pensé comme un véritable tremplin pour d’autres DJs et artistes émergent·e·s. « Ce que je voulais, c’était mener à bien mon projet, tout en restant fidèle à ce qui m’anime depuis le début : faire découvrir des talents, explique-t-elle. On savait qu’on allait vendre des places parce que des gens nous suivent via Twitch et autre, mais l’essentiel était ailleurs. On voulait surtout utiliser notre visibilité pour mettre d’autres artistes en lumière. » L’aventure prend une telle ampleur qu’en avril 2025, il et elle réitèrent l’expérience avec Eclipse, une nouvelle tournée dans le même esprit d’ouverture et de partage.
imagine une mise en scène immersive : des effets visuels à foison et une sélection musicale ultra-pointue, presque comme un vrai DJ set. « Sauf que ce n’était pas le cas et cela m’a un peu frustrée parce que j’étais un peu à me dire : “C’est con, tout le monde me répète que j’ai une bonne sélection, et en fait je n’ose pas mixer parce que j’ai toujours voulu promouvoir des artistes et pas le faire moi même.”
»
Alors, plus question d’hésiter, Ava Mind se lance dans un nouveau défi : apprendre à mixer. « Je voulais montrer qu’il n’est jamais trop tard pour se fixer un objectif et acquérir un nouveau skill. » Platines fraîchement installées, elle partage sans filtre ses premières tentatives en
Aujourd’hui, Ava Mind continue de tracer sa route dans le monde de la nuit, mais il est difficile d’échapper aux critiques et étiquettes quand on vient d’Internet. « Pour certaines personnes, parce que tu t’es faite connaître par Internet, tu n’as pas existé avant et du coup, quand tu décides de te mettre sur un autre projet, tu n’es qu’une influenceuse en manque de buzz ou qui veut s’amuser. Avant même de prouver que je pouvais en avoir, c’était acté : je n’avais pas de talent. J’étais juste là parce que je venais de Twitch ou parce que j’étais mignonne. » Plutôt que de céder à l’amertume, Ava Mind choisit de devenir constructive. « J’ai vu le truc à l’inverse. C’està-dire qu’il y avait plein de projets que j’avais depuis des années, sauf que nul ne t’ouvre les portes parce que tu n’es personne. C’est dommage parce qu’il y a des artistes qui sont bien plus talentueux que moi mais qui n’ont pas du tout l’accessibilité que j’ai sur certaines propositions. » Parmi ses engagements, Ava Mind va participer au projet Zack en Roue Libre More Girls Behind Desks, une initiative portée par la DJ parisienne Mayou Picchu pour accompagner les femmes souhaitant se lancer dans le monde du DJing. Une manière de marteler, platines en main, que le talent n’a ni genre ni visage prédéfini. Aujourd’hui, Ava Mind semble avoir trouvé son équilibre, oscillant entre ses écrans et la scène. Mais pour elle, pas question de lever le pied. 2025 s’annonce comme une année charnière avec le lancement très attendu de sa chaîne YouTube.
IG & TikTok : @avamind_
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ci-contre : @AVAMind
Avec le film documentaire Dakar Chronicles, l’acteur et réalisateur Jalil Lespert signe une œuvre unique dédiée à la plus mythique des courses de rallyeraid. Transmettant l’intimité et l’intensité de ses héros et héroïnes, il rappelle pourquoi cette épreuve est grandiose. Un joyau français à vous (ré-)approprier sur grand écran.
the red bulletin : Jalil, quel est votre historique personnel avec le monde du sport mécanique, et celui de la vitesse ? jalil lespert : Les sports mécaniques, ce n’est pas quelque chose que je suis particulièrement, en revanche, j’avais des souvenirs d’enfance du Dakar. C’était une course qui me fascinait, gamin. J’avais l’impression que nous, les Français, on l’avait un peu perdue de vue, parce qu’elle avait changé et qu’elle s’était professionnalisée, alors qu’à l’étranger, elle restait une course exceptionnelle. J’ai eu envie de rendre grâce au Dakar, et de le remettre au goût du jour, parce qu’il est mythique !
Ça reste un monument français ?
Derrière, ce sont les mêmes organisateurs que le Tour de France, et c’est un truc évident pour ma génération, mais pour les plus jeunes ? En rentrant dans ce projet de flm documentaire, j’ai été estomaqué par la dimension de la course, ses enjeux physiques, sportifs, émotionnels, et je me suis dit que ce projet valait le coup.
Comment avez-vous pu prendre conscience de tout cela ?
En vivant l’aventure au plus près, en partant en repérage un an avant le tournage de Dakar Chronicles, sur l’édition 2023.
De quelle manière ?
En suivant la course, littéralement, en dormant sur le bivouac, en ayant accès à ses coulisses, en suivant chaque étape, en faisant 10 000 kilomètres dans le désert, ce qui est costaud, même sans être un pilote engagé. On est partis avec
quatre véhicules 4 × 4, en partant très tôt le matin, sans prendre les pistes des concurrents, ça nous permettait de voir comment se déroulaient les départs. On se calait à des points de jonctions où l’on pouvait voir débouler les participants. On a aussi pu les suivre jusqu’aux points de départs des étapes, qui sont rarement au même endroit que le bivouac, ça pouvait parfois représenter 100, 150 bornes, donc c’était déjà très intéressant. Et on les retrouvait à l’arrivée sur le bivouac.
À quoi ressemble ce bivouac ?
C’est une espèce de mini-ville de plus de 4 000 personnes, qui se déplace, et c’est surtout un garage à ciel ouvert, géant, dans lequel tu dois aussi essayer de dormir… Je me rappelle d’une nuit où on était installés à côté d’un mec qui gérait des pneumatiques, toute la nuit. Il gonfait les pneus, et des fois, ça explosait, comme s’il avait tiré au fusil à pompe, juste à côté de toi ! Tu as tous ces bruits de mécanique, tous ces gens qui font des essais, pour voir comment ils ont réparé
« La dimension du Dakar et ses enjeux m’ont estomaqué. »
Jalil et son équipe sur l’édition 2023 du Dakar, en mode repérages. Ils en repartiront avec la conviction que leur film est un must à réaliser.
les véhicules, donc ils passent à côté de toi à pleine balle… Ça, tu te dis : « Il faudra que je l’amène dans mon flm. »
Qu’avez-vous tiré de ces « repérages » ?
La confrmation que tu ne peux pas tout mettre dans un flm de ce genre, parce que c’est énorme, et l’idée que le meilleur point de vue, c’était celui du papillon : passer d’un team et d’une catégorie à l’autre, en suivant plusieurs personnages.
Comment avez-vous approché le projet, en termes de récit ?
Je ne voulais pas faire un reportage, parce que je ne suis pas journaliste sportif, je voulais vraiment réaliser un flm, en partant des athlètes et de la sensation de faire cette course, sans pour autant rentrer dans les détails sportifs de la course. Un Dakar, c’est plein d’enjeux sportifs, de règles, de catégories… Il me semblait hyper dur de rendre compte de tout cela. Donc, sur ces repérages, j’ai appréhendé
l’aspect fatigue, l’ampleur émotionnelle, il fallait aussi « caster » les personnages en vue du tournage à venir, et puis penser aussi à comment on allait pouvoir flmer cette course. En gros, il fallait échafauder un plan de bataille, en termes techniques et humains, pour pouvoir être « partout » et couvrir un maximum de choses.
Cela allait impliquer quel set-up ? Plusieurs équipes sur place sur le bivouac, en permanence, au départ, sur les préparations, le jour, la nuit, en mode backstage, ce qui allait représenter deux équipes avec deux caméras. Il fallait ensuite flmer la course, donc avoir des mecs dans le désert
« Dans Dakar Chronicles, tu pars avec les mecs, tu vis l’aventure avec eux. »
qui suivent avec des caméras, avec un téléobjectif, ce qui permet de ramener des faits, et il faut donc les placer au bon endroit, dans des endroits un peu spectaculaires, où il y a des enjeux, éventuellement des dépassements… Couvrir tout un Dakar est impossible, et c’est une course radicale, il faut alors choisir des endroits stratégiques. Cela implique aussi l’utilisation d’un hélico, car les distances sont trop longues pour les drones.
Et côté casting, quel était le plan ?
Il fallait à la fois des athlètes confrmés, des habitués des podiums, et des rookies. J’avais déjà ma petite idée en tête : j’ai pensé à Stéphane Peterhansel et Carlos Sainz, pour leurs palmarès respectifs, mais aussi parce que leur Audi était la première voiture électrique développée pour le Dakar. Je me suis dit que ce serait intéressant à suivre. J’avais aussi le nom de Sébastien Loeb sur ma liste, que je trouvais génial, parce que le mec est multiple
« J’ai eu envie de rendre grâce au Dakar, de le remettre au goût du jour, parce que c’est mythique. »
L’équipe de tournage et le pilote américain Mason Klein, meilleur rookie de l’édition 2022.
Jalil Lespert est un acteur et réalisateur français d’origine franco-algérienne. Il décroche son premier grand rôle dans Ressources Humaines de Laurent Cantet, pour lequel il remporte le César du meilleur espoir masculin en 2001. Puis, Jalil Lespert s’est imposé comme un acteur prolifique, jouant dans plus de trente longs métrages et plusieurs courts métrages. Il a collaboré avec des réalisateurs de renom tels que Alain Resnais et Guillaume Canet, et a travaillé avec Pierre Niney, Audrey Tautou ou encore Benoît Magimel. En 2014, il coécrit et réalise le biopic consacré à Yves Saint-Laurent, interprété par Pierre Niney. Plus récemment, Jalil Lespert a réalisé la série Versailles (2015) pour Canal+, Iris (2016) avec Romain Duris et Charlotte Le Bon, Le Dindon (2019) avec Dany Boon et Guillaume Gallienne, ainsi que la série documentaire Chambre 2806 : L’Accusation (2021) pour Netflix. Jalil Lespert alterne entre sa carrière d’acteur et de réalisateur, apportant toujours une perspective unique et innovante à chaque projet. La preuve avec son film documentaire dédié au Dakar.
Champion du monde de rallye mais ne s’est pas encore imposé sur le Dakar, mais chaque année, il bataille, progresse et s’impose de plus en plus. À propos de Loeb, lors des repérages, je me suis posé à un passage, un canyon hyper accidenté, et j’ai vu toutes les voitures les contourner, et puis Loeb est arrivé, et il n’a pas contourné… Il est passé en plein dedans. C’est démentiel, c’est le seul à le faire. Loeb est vrai, il ne triche pas.
À moto, aviez-vous quelqu’un de précis en tête ?
Oui, Toby Price, que j’ai rencontré. Je l’ai trouvé charismatique, une espèce de loup solitaire australien. Il a remporté un Dakar avec une fracture du scaphoïde quelques semaines avant… Un Dakar, avec un poignet en vrac, c’est quand même chaud. En plus, il a une histoire personnelle dramatique (Price se casse le cou en 2013 et remporte son premier Dakar en 2016, ndlr). C’est un viking, hyper cinégénique.
Qui étaient les autres pilotes listé·e·s ?
J’avais pensé à Seth Quintero et Cristina Gutiérrez, que j’ai trouvés hyper cool : la famboyance de Seth, la discrétion de Cristina. J’avais Nasser Al-Attiyah, sur Toyota, qui était le champion indiscutable, que j’avais envie aussi de pouvoir flmer. Il me manquait juste un jeune motard, en fait.
Quelle fut l’approche avec ces pilotes ?
Je ne voulais pas d’interview dans le flm.
L’idée, c’était qu’ils se laissent flmer au quotidien. J’ai voulu qu’on s’habitue les uns aux autres, en commençant par les flmer avant le Dakar, se pointer chez eux, avec deux caméras…
– Tu fais quoi, aujourd’hui ?
– Là ? Je suis en vacances. Je vais aller faire un peu de bateau. Après, on va faire des courses.
– Okay, alors on te suit !
Dans le cas de Toby, je sais qu’il est en Californie, à San Diego, pour tester sa bécane KTM avant de partir pour Dakar
et je l’y retrouve. On est quinze jours/trois semaines avant la course. Je lui demande s’il ne connaît pas un jeune qui monte…
Ce motard rookie qui vous manquait ? Oui, et il me parle de Mason Klein, un amateur, soutenu par KTM. Une heure ou deux après, on est chez KTM pour flmer Toby, et on voit débarquer un pick-up, avec deux kids, et les motos à l’arrière, très ricains : Mason et son frère ! Je commence à les flmer et je vois que ça amuse Mason. Le lendemain, on se pointe au ranch de ses parents, à une heure de là… C’est vraiment un rookie, il a 20 ans, et il prépare sa deuxième édition du Dakar qu’il va faire dans une caravane avec son père. C’est Candide au Vietnam, le type. Finalement, il est presque devenu le personnage central du flm.
Sur place, comment évoluez-vous ?
Sur le tournage pur du flm, contrairement aux repérages, c’était assez frustrant, car je n’ai pas pu être sur la course. Je suis resté à tout superviser depuis les bivouacs, avec une assistante, et nos vélos électriques. Et il y a nos deux équipes de flmeurs sur le bivouac, l’équipe dans l’hélicoptère et les équipes au sol qui suivent la course. Et moi, avec mon talkie, et mon assistante qui circule un peu partout à vélo pour pêcher des infos : qui arrive, qui part, qui fait quoi, qu’est-ce qui se passe ? En fonction, j’envoie mes équipes là où là. Et je reçois les rushs du terrain. C’est un équilibre entre les événements de la course et l’intime des pilotes.
Comment les Red Bull Studios, qui produisent ce flm, vous ont-ils épaulé ?
Ils ont été super parce qu’ils m’ont suivi dans l’idée de ne pas réaliser un reportage sportif, et de se concentrer sur l’intime. Ils ont pris le risque de prendre des risques avec nous : on parle d’une course où il y a eu régulièrement des décès ; l’une des courses les plus dures qui soient, voire la plus dure ; l’une des plus dangereuses, voire la plus dangereuse. Il nous fallait être à la hauteur de ces athlètes, et de tout ce qui peut se passer. On ne sait pas si tout le monde va arriver au bout, peut-être
« Chez ces pilotes, il y a un truc supérieur au sport, une notion d’aventure encore présente, et c’est beau. »
Durée 85 minutes
Écrit par Mathieu Pichard-Rivalan et Jalil Lespert
Réalisé par Jalil Lespert
Producteurs Philippe Savine, Robin Accard, Philipp Manderla Bande originale M83
que l’un d’entre eux va se crasher et devoir rentrer au pays. Est-ce qu’on sera capable de le suivre à ce moment-là ? C’est cette agilité extrême que les Red Bull Studios ont assumé avec nous.
Que raconte ce flm ?
L’engagement total de ces athlètes, le combat qu’ils mènent contre un élément supérieur, le désert, et contre eux-mêmes, parce que c’est une course de quatorze jours, c’est épuisant physiquement. Je pense surtout aux motards, à cette horde sauvage, ces mecs sont des monstres.
Vous citez La Horde sauvage. Avez-vous eu des fashs d’autres flms mythiques ? On pense forcément à Mad Max Avec ses engins incroyables… Mais ma référence, c’était surtout les documentaires de William Klein, en particulier celui sur Roland-Garros, The French, sans commentaire, à se faire oublier et être juste présent, en témoin. Sur les premiers jours de la course, ils savent qu’on est là, et plus la compétition avance, plus la fatigue s’installe, plus ils nous oublient et lâchent des trucs, sans fltre.
On pourra aimer ce flm même si on ne s’intéresse pas aux sports mécaniques ? Si tu aimes le Dakar, tu vas découvrir plein de trucs que tu n’avais pas encore
vus, tu en sauras plus. Et si tu ne connais pas du tout le Dakar, tu ne vas pas te perdre dans les règles. Tu vas être dans l’émotion. Mon but, c’était de faire des athlètes des personnages, de m’appuyer sur l’histoire de chacun, de faire en sorte que leurs histoires se croisent, et d’établir un lien entre eux : ce truc ultime de combat, ce côté irrationnel d’hommes et de femmes qui donnent tout pour leur passion. Ils grandissent, ils mûrissent, ils apprennent sur eux, et il y a aussi une forme de solidarité incroyable entre eux, un truc supérieur au sport, une notion d’aventure encore présente, et c’est beau.
Qu’est-ce qui les motive ?
Au retour, dans l’avion, j’étais assis à côté d’un pilote moto américain, Skyler Howes, et je lui ai demandé : « Pourquoi vous vous infigez ça ? ». Il m’a répondu : « Mec, tu sais, faire près de mille bornes par jour sur de la piste sauvage, dans des coins que personne n’a ridé avant, c’est extraordinaire, c’est unique au monde ! »
Il y a encore cet efet « désert » ?
C’est démesuré... Et c’est aussi pour ça que j’ai fait appel aux Français de M83 pour la bande-son du flm, car il a un côté épique qui colle à tout ça, à ce contraste saisissant entre intime et spectaculaire.
Le flm fait-il dans le psychédélisme ?
C’est plus impressionniste que psychédélique, avec les repères que sont les personnages. C’est une course hyper dure, avec des règles très compliquées, des catégories dans tous les sens, mais en fait, ce n’est pas là que se situe le flm. Ce sont les gens qui comptent. Tu pars avec les pilotes, tu vis l’aventure avec eux.
Comment sort-on de cette aventure ?
Mécanos, médias, organisateurs, il y a une solidarité qui se met en place, et tu as un peu l’impression d’avoir « fait » le Dakar, même si tu n’es pas pilote. En tant que cinéaste, ça te donne envie d’aller chercher plus de trucs, de faire plus de flms documentaires, ou d’amener ce genre de contexte dans de la fction. Le fait de ne pas avoir d’interview, de ne pas être dans un truc classique, de ne pas prendre la main du spectateur, en lui balisant tout, de ne pas être didactique, ça m’a permis de m’exprimer beaucoup plus en tant que cinéaste, d’être plus cinématographique. De faire un documentaire de cinéma, de mon point de vue, en tout cas.
Dakar Chronicles, en avant-première au MK2 Bibliothèque (Paris) le 17 juin, et dans les cinémas MK2 et partenaires en France dès le 19 juin
La Blue Line, ce sont 17 minutes de descente avec l’Aiguille du Fruit en toile de fond.
Admirer le paysage ou le voir défiler, tête dans le guidon ou yeux rivés vers les sommets... Quatre grandes pratiques du vélo s’offrent à vous. Bienvenue au bike park de Méribel !
Tout comme une station de ski, un bike park est classé par niveau de pistes : de la verte à la noire. Et tout comme l’hiver avec le ski ou le snowboard, il y a différentes disciplines l’été : de l’engagé avec le VTT DH à de la promenade avec le VAE. Il est même possible d’explorer nos belles montagnes (presque) sans efforts...
10 pistes
Méribel excelle également dans la proposition de parcours de descente (DH), offrant des pistes bien entretenues et conçues pour maximiser le frisson de la vitesse et de l’air. Avec 10 pistes dédiées à cette pratique, soit 38 km de pistes, chacun·e trouvera son compte. Avec ses virages relevés et ses sauts spectaculaires, le VTT de descente est avant
Ambiance aérienne et technique pour riders avertis sur la Red Line ; immersion forestière plus ludique sur la piste bleue Woodstock.
tout un sport de montagne à sensation, bien plus accessible qu’il n’y paraît. Le matériel consiste en un casque intégral, des protecs et un VTT tout suspendu ! Les pistes Bike Slope, Bellevue et Blue Line sont parfaites pour débuter. Les audacieux·euses trouveront leur bonheur vers les 4 rouges et les 2 noires...
Bike Slope 5,5 km pour 550 m de dénivelé négatif. Accès : depuis le sommet Tougnète. Bellevue 5,9 km et 590 m de dénivelé négatif. Départ intermédiaire au Pas du Lac. Tougnète Rocket 3,3 km pour 520 m de dénivelé négatif.
Forest Jump Descente technique et rythmée. Dénivelé de 420 m sur 2,3 km.
G Force La piste de CM 2017 : 2,3 km, 550 m de dénivelé négatif, du mental et beaucoup d’adrénaline ! Pour les expert·e·s !
7 pistes
À mi-chemin entre le VTT de descente et le cross-country, l’enduro est une pratique qui demande un peu d’exigence physique. Avec des descentes relativement longues, cette discipline est aussi caractérisée par son aspect sauvage où les pistes ne sont pas aménagées comme peuvent l’être celles du DH...
Pour descendre le Col de la Loze, il existe plusieurs options, selon le niveau.
Les Combes 9 km pour 840 m de dénivelé négatif. Accès depuis le sommet Tougnète. Panorama magnifique sur la vallée.
Les Crêtes Parfait mélange de montées soutenues et de descentes rapides sur 18,3 km. Départ au sommet de Tougnète.
La-Dégage-à-Moûtiers 22,2 km dont 2 440 m de dénivelé négatif et 630 m de dénivelé positif en pleine forêt. Un itinéraire engagé pour les plus aguerri·e·s.
Les 3 Vallées du 05/07/2025 au 30/08/2025
Tarifs des forfaits
VTT 2025
Adulte (à partir de 18 ans)
3 heures : 17,50 €
1 jour : 26 €
Liberté 3 jours : 58 €
7 jours : 92 €
Enfant 5-17 ans
3 heures : 13,10 €
1 jour : 19,50 €
Liberté 3 jours : 43,50 €
7 jours : 69 €
Family Flex 3 pers. minimum
3 heures : /
1 jour : 19,50 €
Liberté 3 jours : 43,50 €
7 jours : 69 €
3
Cross-country (XC) : 2 pistes
Pratique du VTT la plus répandue et certainement la plus accessible, le cross-country s’exerce aussi bien en compétition (seule discipline du VTT présente aux JO), que tranquillement en famille. À Méribel, vous pouvez débuter, progresser et expérimenter !
L’ours 4,6 km pour 235 m de dénivelé positif. Accès depuis Méribel Mottaret. Adret 17,8 km pour 885 m de dénivelé positif. Accès depuis La Chaudanne.
4 Le Vélo à Assistance
Électrique (VAE): 4 circuits
Une ascension aisée ! Pour vous aider à monter, un petit moteur alimenté par une batterie amovible est placé sur le moyeu de la roue ou sur le pédalier. Belle innovation pour l’écologie (plus aucune excuse pour ne pas prendre son vélo au travail !), le vélo électrique est aussi utilisé en tout-terrain où le VTT n’est pas toujours facile en montagne. Méribel vous propose 4 circuits spéciaux, à essayer absolument ! Cependant, en raison de la tempête Caetano du mois de novembre qui a
été particulièrement dévastatrice sur la commune des Allues, certains tracés seront exceptionnellement fermés cet été, notamment dans le secteur de la forêt de l’Altiport. Nous les retrouverons avec plaisir à l’été 2026.
De la boucle autour du lac de Tuéda à l’ascension du Col de la Loze, plusieurs itinéraires sauront satisfaire vos envies de découvertes, au cœur des 3 Vallées cet été.
Boucle de Tuéda - Boucle verte
Distance : 9,5 km / D+ : 295m // D- : 295m
Sprint du Col de la Loze - Boucle bleue
Distance : 8 km / D+ : 2m // D- : 98m
meribel.net
Ludique et progressive, la Red Line est idéale pour améliorer ses compétences en saut tout en maintenant une bonne vitesse.
Équiper, optimiser et vivre la plus belle des vies
Le Bhoutan à vélo : Tom Öhler nous montre le chemin.
VOYAGE/
Peu le savent, mais le prince du Bhoutan est féru de VTT. Ce royaume bouddhiste, au bord de l’Himalaya, est ainsi devenu un véritable paradis du tout-terrain. Le photographe Martin Bissig s’est rendu sur place avec le vététiste pro Tom Öhler et nous raconte son expérience.
De nombreux mythes entourent le petit royaume du Bhoutan, niché dans l’Himalaya entre l’Inde et la Chine. La plupart des touristes visitent le pays pour voir le fameux monastère de Taktshang, construit à flanc de falaise et perché à 3 120 mètres d’altitude. La légende veut qu’au VIIIe siècle, un maître spirituel aurait volé exactement à cet endroit sur le dos d’une tigresse. Et comme la réalité dépasse souvent la fiction, j’ai reçu un jour un appel de mon ami, l’Autrichien Tom Öhler. « On dit que le prince du Bhoutan est un dingue de VTT et qu’il construit même ses propres trails. Tu y as déjà été plusieurs fois. Allons-y ensemble. » Une super excuse pour redécouvrir le Bhoutan.
Après mes visites de 2007 à 2010, c’est désormais mon cinquième voyage au Bhoutan, cette fois-ci en qualité de photographe. Ma première excursion était comme un saut dans une autre époque : la télévision et Internet n’avaient été introduits que huit ans auparavant. Le roi du Bhoutan avait tout fait pour protéger son petit peuple des influences occidentales. Je me souviens que mon visa d’octobre 2007 portait le numéro 20 244. Le royaume recevait donc en un an autant de touristes que le Disneyland de Californie en une matinée aujourd’hui.
Tom Öhler est déjà arrivé un jour avant moi à Thimphu, la capitale du pays. Depuis notre dernière conversation, il est rentré en contact avec la scène de vélo locale par le biais d’Instagram. Une leçon tirée de nos projets précédents : rien de mieux que de suivre la roue d’un cycliste du cru pour découvrir les meilleurs sentiers de la région. Nous rencontrons donc Tandin, un rider local qui participe à des courses d’enduro dans toute la région d’Asie centrale et finit souvent en tête. Il est guide VTT, connaît tous les sentiers de sa région comme sa poche et a exploré le Bhoutan en long, en large et en travers.
Nous commençons par les sentiers autour de Thimphu. Ici, Tandin et ses ami·e·s roulent presque quotidiennement. La scène locale est petite mais très active. Tom et moi sommes impressionnés par le bon état des chemins. Les sentiers se sont pour la plupart formés naturellement sur
COUTUMES Les drapeaux de prière, comme ceux accrochés par Tom, sont censés diffuser de l’énergie positive.
« Ici, on oublie vite qu’on est à plus de 2 500 mètres d’altitude ! », souffle Tom Öhler, qui descend de selle pour pousser son VTT.
BRUYANT La vie quotidienne est rythmée par les cérémonies bouddhistes.
des centaines d’années. Autrefois, ils étaient souvent la seule connexion entre les villages et les monastères. Aujourd’hui, ils servent principalement de routes de trekking pour les touristes du monde entier et, depuis peu, de sentiers de VTT aussi divers que variés.
Nous poussons péniblement nos vélos vers le sommet. Derrière Tandin, Tom et moi respirons à grande peine. « Ici, on oublie vite qu’on est à plus de 2 500 mètres d’altitude », souffle Tom. Après une longue ascension, nous atteignons le départ du trail à plus de 3 000 mètres. Nous pouvons admirer l’étendue de la plus grande ville du Bhoutan à nos pieds. Presque un cinquième des quelque 800 000 âmes vivent à Thimphu et dans les environs, mais nous sommes complètement seuls sur notre terrain de jeu. Le chemin est bordé de drapeaux de prière flottant au vent. Tandin raconte : « Les drapeaux diffusent bonne volonté et énergie dans le
« La légende dit qu’un moine a vaincu un démon avec son meilleur attribut. »
HAPPY WHEELIE
L’agitation urbaine est un changement bienvenu pour Tom après les sentiers exigeants situés à 3 000 m d’altitude.
PAUSE VÉLO
De splendides sculptures colorées en bois ornent les bâtiments.
monde entier grâce au souffle du vent. » Du moins, c’est ce qu’on dit. Nous prenons quelques virages et nous nous retrouvons bientôt devant un temple, scène digne d’un jeu vidéo, surréel et imposant.
Le lendemain matin, notre navette vient nous récupérer et nous emmène sur une route sinueuse qui monte jusqu’au col de Dochula. « Ici, à 3 500 mètres d’altitude, commence le Divine Madman Trail. Ce sont plus de 2 000 mètres de dénivelé à travers différentes zones de végétation », explique Tandin. Tom s’interroge sur l’origine de ce nom, « Divine Madman Trail » :
Meilleure période pour voyager
Partir au printemps (de mars à mai) ou en automne (de septembre à novembre), pour profiter d’un climat plus doux et de plus de clarté.
Se rendre au Bhoutan
Drukair et Bhutan Airlines proposent des vols directs vers Paro depuis Bangkok, Delhi, Katmandou et Singapour. Pour obtenir un visa, contactez une agence locale et réservez un voyage avec guide et chauffeur.
Bhutan Travel Services propose des solutions individuelles pour les voyages en VTT. bhutantravel.com.bt
la légende dit qu’il y a 500 ans, un moine a vaincu un démon avec son meilleur attribut. Depuis, des symboles phalliques sont peints sur les bâtiments ou sculptés dans le bois pour repousser les mauvais esprits. Si leur vertu repoussante n’est pas prouvée, on s’est vite rendu compte que cette profusion de pénis attirait les touristes. Tandin n’a pas encore tout dévoilé, il a même gardé le meilleur pour la fin. Nous nous rendons à Paro. Là, dans une petite vallée latérale, se trouve le premier site touristique du Bhoutan : le monastère de Taktshang, également connu sous le nom de « Nid du Tigre », situé à plusieurs centaines de mètres de hauteur à flanc de falaise. Une randonnée obligatoire pour tout·e visiteur·euse qui se respecte. Nous nous mettons donc en route bien avant le lever du soleil. Deux heures plus tard, nous sommes complètement seuls pour admirer le panorama. Rien que cette vue vaut un voyage au Bhoutan. Avant que les premiers groupes n’atteignent le monastère, nous redescendons déjà. Les sentiers étroits sont techniquement très exigeants. Des virages serrés, des passages raides et un terrain accidenté offrent un terrain de jeu idéal pour les amatrices et amateurs d’enduro. 700 mètres plus bas, Tom rend son verdict : « C’était le trail le plus cool de tout le voyage. S’il n’y avait pas ces infinies grappes de touristes, j’y retournerais tout de suite ! »
Instagram : @tom_oehler, @martinbissig
Retrouvez votre prochain numéro en Juin en abonnement avec et avec , dans une sélection de points de distribution et sur abonnement.
Prendre la route hors des sentiers battus, c’est le rêve de toute personne en quête d’aventures… à condition d’apprécier de flirter avec les éléments et les bestioles qu’on trouve en pleine nature, ou de s’accommoder des contraintes d’un camping-car (parking adéquat, difficulté à manœuvrer sur certaines routes, coût de l’entretien, consommation, pour ne citer que cela).
Pour les frileux et les frileuses du camping, une start-up germano-ukrainienne a trouvé une solution écolo simple et pourtant remarquable, inspirée par le mouvement des tiny houses : une coque de camping-car imprimée en 3D. « C’est pour les personnes qui aiment voyager mais qui ne veulent peut-être pas dormir sous une tente, explique Thomas Kramer, co-fondateur. En gros, vous vous baladez avec votre tente sur roues : c’est stable, confortable et ça protège des intempéries. »
Le van Discover 3D est imprimé par iScale3D, une entreprise allemande spécialisée dans l’impression 3D grand format, en collaboration avec LEMKI Robotix, et fabriqué grâce à un procédé innovant d’impression 3D appelé Fused Granulate Fabrication (FGF), 100 % recyclable, qui utilise des granulés de plastique au lieu des filaments traditionnels.
Mesurant huit mètres de long et un peu plus de trois mètres de haut, l’élégante capsule en forme de goutte d’eau est imprimée en deux pièces : un espace kitchenette et une coque extérieure d’une épaisseur (9 mm seulement !), soit un poids total de 550 kilos.
Malgré ces fines parois, le matériau composite écologique, fabriqué à partir de 7 000 bouteilles en plastique recyclées, et renforcé de fibre de verre, a été conçu pour être durable et robuste, offrant une isolation phonique et même une conductivité pour maintenir les résidents au frais par temps chaud et au chaud si la température baisse. « Le plus grand défi était de le rendre ergonomique et de stabiliser le matériau, c’est-à-dire trouver le bon composite qui soit ignifuge et isolant. »
L’un des principaux avantages de l’impression 3D d’un tel véhicule réside dans sa rapidité, explique Kramer : « Un camping-car comme celui-ci se laisse imprimer en deux jours. L’assemblage prend une semaine. Par comparaison, quand vous passez commande d’un véhicule à l’usine, les délais d’attente pour la fabrication peuvent aller jusqu’à un an… » Ce mini-van est conçu pour offrir un confort
Abordable, léger et écolo, ce van imprimable ouvre un monde de possibilités aux adeptes d’évasion.
optimal tout en minimisant l’empreinte carbone : les matériaux utilisés sont aussi conçus pour durer, réduisant ainsi les remplacements fréquents.
Innovation et confort
L’optimisation de l’espace est essentielle dans un espace aussi réduit. Ce campingcar offre des rangements cachés, un
« C’est une pièce d’art mobile, dans laquelle on peut dormir ! »
Le
co-fondateur Thomas Kramer
espace de couchage confortable suffisamment grand pour deux adultes et un enfant, ainsi qu’une douche extérieure pouvant être connectée aux arrivées d’eau. Il dispose même de fonctionnalités intelligentes comme des capteurs pour surveiller les niveaux d’eau, la température et la charge de la batterie, tandis que des panneaux solaires peuvent être ajoutés pour des vacances en toute bonne conscience.
Ce mini camping-car est disponible dans quatre modèles, à l’achat (12 000 €), ou à la location (60 €/jour). Il est facile d’y apporter des modifications personnalisées. « Ce qui est beau, c’est sa forme, s’exclame Kramer. C’est une pièce d’art mobile, dans laquelle on peut dormir ! »
La possibilité de le customiser permet aux utilisateur·rice·s de créer un habitat mobile qui correspond parfaitement à leurs attentes, rendant chaque périple inoubliable.
iscale3d.com/project/3d-camper
Le retour de l’été, c’est le retour des programmations qui font rêver. The Red Bulletin vous a préparé sa sélection des meilleurs festivals à ne manquer sous aucun prétexte.
Les journées qui s’allongent, le retour des premières chaleurs et cette odeur si particulière de goudron brûlé. Ces petits détails anodins, marquent à mes yeux le début de ma saison préférée : celle des week-ends passés avec des milliers d’inconnu·e·s, devant une scène où vont défiler mes artistes favori·e·s. Ces inconnu·e·s deviendront, l’espace d’un morceau, des compagnons inoubliables. Vous l’aurez deviné, je parle de ce moment suspendu qu’est un après-midi en festival.
Des plages paradisiaques aux capitales vibrantes : que vous soyez fan de rock, passionné d’électro, curieux de découvrir les nouvelles pépites du rap, ou en quête d’émotions, préparez votre sac, affûtez vos sens et dépliez votre tente : la saison commence.
Créée par François Delarozière, la gardienne des ténèbres ne cesse d’émerveiller.
Une expérience inoubliable à vivre au moins une fois dans sa vie ! Le Hellfest reste le rendez-vous incontournable d’une communauté metal inclusive où l’expérience humaine prime, transformant chaque rencontre en un moment de partage authentique. Cette année la Mainstage 2 du vendredi 20 juin est entièrement dédiée aux femmes avec les groupes : Within Temptation qui vient pour la sixième fois à Clisson, Heilung, Epica, Spiritbox, Kittie qui se reforment après 13 ans d’absence, Future Palace, Amira Elfeky, Charlotte Wessels et enfin Sun. On salue l’initiative ! À ne pas manquer Turnstile, Korn, Linkin Park
Date 19 au 22 juin 2025
Lieu Clisson hellfest.fr
Garorock, c’est une institution du sud-ouest. Chaque année à Marmande, des dizaines de milliers de festivalier·ère·s viennent pour ce cocktail sucré : I Hate Models et DJ Snake proposeront chacun leur définition de la fête. Mais Garorock c’est aussi le moment où rap, électro, pop et rock se rencontrent sans fron-
tière. C’est massif, efficace, populaire dans un terrain de jeu idéal.
À ne pas manquer Le concert des Black Eyed Peas, bien évidemment
Date 3 au 6 juillet 2025
Lieu Plaine de la Filhole, Marmande garorock.com/fr
Collaboration exceptionnelle de 2024 avec le Football Club Marmande 47 pour plus de conviavilité.
Le Delta, c’est l’utopie marseillaise : cinq jours sur la plage, une scénographie XXL, une ambiance qui mélange musique, fête et surtout engagement. En 2025, la programmation vise juste : électro, rap, pop, techno, avec ses grands noms qui vont avec (Feder, Josman, Ofenbach). Le Delta c’est l’un des rares festivals qui mêle la fête à de vrais enjeux, entre écologie, inclusion et culture sport.
À ne pas manquer Le retour de Magic System sur scène
Date 27 au 31 août 2025
Lieu Les plages du Prado, Marseille delta-festival.com
Plus intimiste, le Marvellous, lui, propose de se retrouver en juin prochain à la plage de Vaires-Torcy pour la treizième édition. Cinq scènes au total où vont défiler des dizaines de DJs allant de la minimal techno à la house plus groove. On y retrouvera cette année encore la scène 360 et une autre nichée dans la forêt avec un sound system gigantesque où se relaieront aux platines des artistes de renommée : Mind Against, Ben Sterling ou encore Joris Delacroix pour ne citer qu’eux.
À ne pas manquer Les sets sur la Beach Stage avec les pieds dans l’eau
Date 7 et 8 juin 2025
Lieu Route de Lagny, Torcy marvellous-island.fr
Deuxième édition pour Yardland qui revient plus fort et étale ses ambitions sur trois jours cette fois. Le cœur bat toujours rap (Gazo, Tiakola, Hamza), mais se permet quelques divergences : scène UK, caribéenne, un live exclusif de Prince Waly, et Savane Beauty en révélation US. Yardland, c’est le son d’aujourd’hui, avec le souffle de ce qui arrive. Une fête dense, chaude, à la hauteur de son époque.
À ne pas manquer La carte blanche de Meryl qui promet un show assez exceptionnel à la tombée du soleil.
Date 4-5-6 juillet 2025
Lieu Hippodrome de ParisVincennes, Paris yardland.paris
Ah… la côte d’Azur. Cannes devient dancefloor géant : les Plages Électroniques transforment la Croisette en open air. Des caissons sur la plage ?
Pourquoi pas, avec la programmation de 2025 qui aligne les poids lourds du circuit électro : Paul Kalkbrenner, Folamour, Charlotte de Witte. On se retrouve sur la plage, sur un rooftop où dans un club sous le Palais des Festivals en août prochain.
À ne pas manquer Le concert de Miki, dernier coup de cœur en date
Date 8-9-10 août 2025
Lieu Plage du Palais des Festivals, Cannes plages-electroniques.com
Né à Tulum, installé désormais à travers l’Europe, Zamna joue dans la cour des grands festivals électro. Line-up deep techno & house premium (Afterlife, Cercle, Keinemusik…), le tout dans des lieux souvent magiques. En France, Zamna promet une expérience sensorielle, à michemin entre rêve éveillé et night club à néon.
À ne pas manquer Trip visuel qui accompagne les DJ sets Date 1er et 2 août 2025
Lieu Base Nature François Léotard 1196 Bd de la Mer, Fréjus zamnafestival.com/fr/ zamna-festival-cote-dazur-2025
À We Love Green, on vient autant pour voir ce qu’on écoute déjà que pour découvrir ce qu’on écoutera demain. Il y aura beaucoup plus de rock, d’indie, d’électro cette année et surtout une scène émergente en feu : Judy, Jawnino, Swing Call, Isabella Lovestory... Et puis il y a cette scène montée avec Konbini et Jardin Créole, entre vibes bouillon, prises de parole et showcases. Le futur de la musique se joue ici, dans un parc très proche de Paris.
À ne pas manquer La seule date de Charli XCX en France et le retour de Laylow sur scène qui jouera son nouvel album en live.
Date 6-7-8 juin 2025
Lieu Plaine de la Belle Étoile ; accès par la Route Dauphiné via Espl. Saint Louis, Bois de Vincennes, Paris welovegreen.fr
Mi-festival, mi-carnaval, Madame Loyal c’est une fête foraine rétro et punk qui propose de faire des raves sous des chapiteaux. Le concept tourne partout en France avec une signature forte. C’est l’endroit où l’électro flirte avec le cirque, où la fête devient spectacle de rue. Aucun autre événement n’a ce mix déjanté.
À ne pas manquer Les tenues des festivaliers et des festivalières
Dates 11-12 avril, Marseille 26 avril, Ed Banger Paris 9 mai, Lille 24 mai, Paris Open Air 13-14 juin, Bordeaux 5 juillet , Paris 7-8-9 août, Toulouse madameloyalfestival.com
Voilà de quoi faire pendant vos trajets sur les routes de France cet été. Pour les plus aventureux et aventureuses d’entre vous, il y a toujours le festival Dour, le Boom Festival ou encore le Burning Man. Sans parler des festivals qui nous attendent déjà à la rentrée prochaine, comme Jazz à la Vilette installé depuis vingt ans à Paris où encore le Grünt Festival qui annoncera sa programmation très prochainement.
Savilia Blunk, Samara Maxwell, Greta Seiwald, Joshua Dubau et David List : cinq pilotes de cinq nationalités différentes forment le Decathlon Ford Racing Team.
Une équipe jeune qui comptabilise déjà 22 podiums en Coupe du monde de VTT crosscountry, le fruit réussi d’une collaboration entre deux marques qui se sont trouvées sur le chemin de la performance. Entretien croisé avec Samuel Roces, manager général Décathlon Ford Racing Team et LouisCarl Vignon, Président de Ford France.
the red bulletin : Comment est née la rencontre entre Decathlon et Ford ? samuel roces : J’étais sur le Roc d’Azur, je venais de finir ma première saison avec le Team Rockrider et je suis allé sur le stand Ford. Depuis le début de l’aventure en 2022, nous étions à la recherche d’un co-naming, un partenaire d’excellence. Le lendemain nous échangions avec Louis-Carl Vignon et en janvier 2023, c’était acté. Tellement rapide qu’on a dû refaire (avec grand plaisir !) tout le branding des maillots pour rajouter Ford !
louis-carl vignon : On est une marque d’origine américaine, avec ce côté grands espaces dans notre ADN.
Samuel Roces (en haut), le manager général Décathlon Ford Racing Team et Louis-Carl Vignon, le Président de Ford France, unis par la performance.
On a décidé de revenir à nos racines, de se rapprocher de nos clients, sachant qu’on a une gamme de véhicules typés aventure. Quand Samuel est venu nous présenter son projet, une équipe pro, à parité homme-femme, internationale, avec cette capacité à vivre en famille qui nous est cher, on s’est dit super. Puis quand on a découvert ce qui était mis en place pour développer le matériel, on s’est dit qu’il y avait tout pour former une équipe de challengers, ce qui nous a réussi en course automobile : quand on est retournés aux 24 Heures du Mans avec une Ford GT, personne ne nous attendait et on a gagné.
Que s’apportent vos deux entités ? samuel roces : Avoir une marque prestigieuse comme Ford sur le maillot, c’est génial pour notre marque, pour le VTT en général. J’ai découvert des gens exceptionnels, à l’image de Louis-Carl Vignon ou de Franck Agnel, le directeur marketing, très investis, super pros, très précis, avec lesquels on échange sur tout et qui nous font sans cesse progresser, collectivement et individuellement. C’est la recherche permanente de l’excellence dans chaque détail. louis-carl vignon : On a une synergie à deux niveaux. Un partenariat images et contenu avec un team équipé de voitures Ford, de la visibilité sur les maillots et du contenu sur les réseaux sociaux. On a aussi des activations retail, avec 220 concessions en France, avec lesquelles on essaie de faire autant que possible des opérations croisées avec les magasins Décathlon en présence des coureurs.
samuel roces : Ford donne des directions, je tente d’apporte des solutions. Au moment où je vous parle, je suis en Espagne pour faire des repérages afin de faire du contenu pour mettre en avant toute la gamme de voitures électriques Ford avec tous les riders du team.
Quelles sont vos ambitions sportives ? samuel roces : On est là pour être les meilleurs. C’est une jeune équipe qui se construit mais qui a déjà 66 victoires à l’international. Lors de notre premier podium en Coupe du monde, à Nové Město (Rép. tchèque) en mai 2023, les équipes de Ford étaient là, tout le monde était très ému. On est des passionnés. Cette année, notre objectif était de gagner une Coupe du monde. C’est fait puisque Samara Maxwell, 23 ans, a gagné la première étape au Brésil !
louis-carl vignon : Quand les USA nous contactent pour nous dire : on voudrait avoir Savilia Blunk comme ambassadrice de la Mustang Mach-E Rally 100 % électrique, ça veut dire qu’on a marqué des points et que la « petite équipe » est reconnue à l’international.
Comment intégrez-vous le public ? samuel roces : Lors des compétitions, même internationales, le paddock est ouvert au public et les passionnés peuvent échanger avec les mécaniciens ou les coureurs. Nous participons aussi à des événements de marque comme le RockShox Tuning Tour
récemment ou des événements de masse comme le Roc d’Azur pour y partager notre expérience avec le grand public.
louis-carl vignon : Ce qui nous importe, en plus de la performance, c’est l’aspect convivial, avec des athlètes accessibles. Le public peut voir les champions s’entrainer, on distribue également des goodies. On invite aussi régulièrement nos collaborateurs à venir vivre cette expérience de l’intérieur.
Côté mécanique, machines du team… samuel roces : Le team a pu bénéficier du 940S de Rockrider dès la deuxième année d’existence en 2023, le vélo a été commercialisé pour le grand public une année plus tard. Seul l’équipement change, le cadre est strictement similaire. Imaginez si le grand public pouvait acheter une voiture de course !
louis-carl vignon : Le vélo s’est avéré être une des meilleures machines du championnat. Le labo R&R est très évolué chez Décathlon. On n’a pas de partenariat purement technique, je ne dis pas que ça ne pourrait pas arriver. L’an prochain, typiquement, on revient en F1, en motoriste de Red Bull Racing.
L’avenir des secteurs auto et vélo sera-t-il forcément électrique ? samuel roces : Le marché du vélo électrique représente 30 % du total des ventes annuelles en France. Il existe déjà des circuits de compétition en VTT électrique, mais minoritaires. Chaque athlète du team possède dans sa « flotte » de vélos un modèle électrique. louis-carl vignon : L’électrique ouvre l’aventure au plus grand nombre. Et quand je vois l’évolution en dix ans, les cadres en carbone, les réglages automatiques, j’envisage un bel avenir. Et côté auto, nous l’illustrons parfaitement avec notre nouvelle gamme de véhicules électriques : Puma Gen-E, Explorer, Capri et Mustang Mach-E qui prouvent qu’on peut allier plaisir de conduite, performance et zéro émission.
Courir en e-VTT est à l’étude ?
samuel roces : Aujourd’hui le e-velo en compétition c’est plus de l’ingénierie que le savoir-faire d’un pilote… Si on arrive à concevoir un très bon vélo, qui nous permette de gagner, ça peut être un vrai projet !
decathlonfordracingteam.com
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Dans chaque édition, un·e membre du team ftness soutenu par Red Bull raconte son premier pas vers une vie active et sportive. À vous de jouer ?
Le sport a toujours fait partie de ma vie. Dans mon enfance, c’était un complément à mes activités extrascolaires, car j’étais élève au conservatoire.
Au lycée, mon prof de sport m’a fait intégrer l’équipe d’athlétisme. C’est là que les compétitions ont commencé. Les entraînements qui soudent l’équipe, le dépassement de soi, les encouragements du team, les défis et la fierté des proches… c’est enivrant, on devient accro à ces sensations. Étant de nature plutôt anxieuse, intégrer le sport à ma routine quotidienne m’a permis d’apaiser certaines angoisses. Ça me vide la tête, ça me calme.
Pendant une séance, je suis focalisée sur un objectif, ce qui me permet de solliciter
Grâce Pérou (@iamgrace), 31 ans, vient de Caen et habite Paris. Créatrice de contenu lifestyle, elle travaille avec des marques de beauté, de mode et de sport comme Rossignol, Dr. Martens, ou encore Uniqlo et Sephora.
mon corps, mais aussi de libérer mon esprit : le sport est devenu mon calmant naturel, et en plus, c’est excellent pour la santé ! Je pratique trois à quatre séances par semaine, dont deux consacrées à la course
« Une chose à retenir : votre seul adversaire, c’est vous-même ! »
Grâce Pérou, créatrice de contenu lifestyle
à pied (mon point faible). Ensuite, je réalise au moins une séance hybride renforcement/course, ou juste renforcement. Je viens de réussir mon objectif sur l’Hyrox du Grand Palais, mon challenge suivant a été de courir plus de 10 km lors du Wings For Life World Run 2025.
Je sais qu’il est parfois difficile de se lancer, mais croyez-moi : les sensations après une séance, les premiers résultats, l’évolution de votre corps… Tout cela vous motivera à continuer !
Le prochain THE RED BULLETIN sortira le 4 septembre 2025.
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